Cancers, rétinopathies

Un anticorps monoclonal inhibe la néovascularisation

Publié le 15/04/2011
Article réservé aux abonnés

UNE NOUVELLE piste dans la voie des traitements antiangiogéniques vient d’être testée par des chercheurs français CNRS/INSERM. Si les essais chez l’animal se confirment chez l’homme, elle pourrait être envisagée dans le traitement de tumeurs cancéreuses, mais aussi dans des pathologies rétiniennes, affections associant une forte angiogenèse. Seraient concernés au premier plan les patients résistants ou non-répondeurs aux antiangiogéniques actuels qui bloquent le VEGF (facteur de croissance vasculaire). Il s’agit de viser l’activité d’un récepteur, le CD160, situé sur l’endothélium des néo-vaisseaux, par l’intermédiaire d’un anticorps monoclonal, CL1-R2.

Les équipes de Philippe Bouteiller (Toulouse) et d’Armand Bensussan (Paris) ont identifié et caractérisé, voici quelques années, le récepteur CD160. Ils avaient constaté son expression sur les cellules endothéliales des néovaisseaux qui apparaissent au cours de la tumorogenèse, ainsi que son absence dans les vaisseaux des tissus sains. C’est ainsi qu’est née l’idée de mettre au point un anticorps monoclonal anti-CD160 dirigé contre ce récepteur dans le but d’inhiber la néovascularisation : CL1-R2.

Puisque deux grands groupes d’affections connaissent une forte angiogenèse (cancer et pathologies rétiniennes, dont la DMLA) des tests ont été réalisés dans ces deux directions chez l’animal.

Régression de la vascularisation intra-tumorale.

Tout d’abord, chez des souris ont été greffées des cellules de mélanome très agressif. Les rongeurs ont ensuite bénéficié d’un traitement à la fois par chimiothérapie classique (cyclophosphamide) et par une biothérapie avec l’anticorps monoclonal. Les équipes ont constaté une régression de la vascularisation intra-tumorale associée à une normalisation des vaisseaux restants. Cette normalisation offre l’intérêt de favoriser l’acheminement de la chimiothérapie et donc de diminuer la toxicité en abaissant les doses injectées.

Au plan rétinien, des lapins et des souris ont fait l’objet des essais. Chez les premiers un modèle de néovascularisation de la cornée a été créé. En médecine humaine cette situation survient en cas de lésions cornéennes ou de rejet de greffon. Le CL1-R2, appliqué localement, a réduit la néovascularisation induite par le facteur de croissance fibroblastique-2. Chez les souris, des modèles de rétinopathie avec prolifération vasculaire ont été créés (similaires aux rétinopathies du prématuré ou diabétique, à la DMLA). L’anticorps monoclonal a permis de normaliser la vascularisation rétinienne.

L’originalité de cette biothérapie par anticorps anti-CD160, expliquent les chercheurs, est de détruire les cellules endothéliales en phase de prolifération. Elle vise une cible différente des antiangiogéniques actuels.

Journal of Experimental Medicine, édition avancée en ligne du 11 avril 2011.

Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8944