L’UTILISATION du protocole associant un stérilet libérant du lévonorgestrel* à une injection mensuelle de GnRH ouvre des perspectives dans le traitement du cancer de l’endomètre chez les femmes en âge de procréation, car il préserve la fertilité. Le traitement habituel de ce cancer est l’hystérectomie totale complétée par une ablation des ovaires, ce qui met un terme à la possibilité d’avoir des enfants.
De 3 à 5 % des femmes souffrant de cancer de l’endomètre ont moins de 40 ans et plus de 70 % d’entre elles sont nullipares. Une surexpression des récepteurs aux estrogènes, à la progestérone et à l’hormone GnRH a été observée dans les cellules de cancer endométrial.
Des essais de traitement ont déjà été réalisés à base d’hormonothérapies préservant la fertilité. L’équipe a tiré parti de l’existence de dispositifs intra-utérins (DIU) délivrant de la progestérone, pour aborder le traitement du cancer endométrial estrogénodépendant.
Très hautes doses d’hormone au site pathologique.
« La logique du traitement d’une tumeur maligne endométriale avec un DIU est qu’il permet de délivrer de très hautes doses d’hormone au site pathologique. Ce qui évite les effets secondaires entraînés par une administration systémique, qui sont de nature à induire des complications sévères (rashs allergiques, nausées, vomissements, céphalées, métrorragies…) et une mauvaise observance. »
L’étude a été entreprise chez des femmes de moins de 40 ans, qui souhaitaient préserver leur fertilité, présentant une hyperplasie atypique de l’endomètre (HAE, lésion précurseur du cancer de l’endomètre), ou bien un cancer à un stade précoce limité à l’endomètre, bien différencié (CE-G1). Entre 1996 et 2009, 39 patientes (âgées de 20 à 40 ans) ont été traitées à l’European Institute of Oncology à Milan. La publication porte sur 34 d’entre elles.
C’est la première étude prospective d’observation réalisée pour tester l’usage d’un DIU libérant de la progestérone associé à une injection mensuelle de GnRH pour traiter le cancer de l’endomètre et empêcher sa récidive. Le traitement a consisté en la pose du DIU libérant le lévonorgestrel, qui a été conservé pendant un an. Par la suite, si le cancer n’avait pas continué à croître ou s’il n’avait pas récidivé, le stérilet était ôté, permettant à la femme de planifier une grossesse. Après ablation du DIU, les femmes ont été suivies tous les six mois. Après que les femmes ont obtenu le nombre souhaité de grossesses, une hystérectomie a été réalisée pour éviter un risque de récidive à long terme.
11 grossesses spontanées.
Les résultats montent que le taux de réponses complètes a été de 95 % chez les patientes ayant une HAE et de 57 % chez celles qui avaient un CE-G1. La maladie a connu une progression chez une femme dans chacun de ces deux groupes (respectivement 5 % et 28 %). La durée moyenne avant la récidive a été de 36 mois.
Toutes les femmes incluses étaient en vie sans signe de la maladie lors de la dernière consultation de suivi (en moyenne : 29 mois). Et surtout, il y a eu 11 grossesses spontanées menées à leur terme par 9 femmes.
« L’utilisation d’un DIU nous permet de délivrer des doses bien plus élevées de lévonorgestrel à la surface de l’endomètre qu’il ne serait possible par la voie orale, tout en maintenant la concentration hormonale à un niveau bas dans le courant sanguin. » Le DIU au lévonorgestrel, en plus d’être utilisé à visée contraceptive, est le traitement de premier choix pour aborder l’endométriose et les saignements fonctionnels.
L.Minig, M.Sider et coll. Annals of Oncology, 29 septembre 2009.
* Nom de marque : Mirena.
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