De notre correspondante
« NOTRE ÉTUDE montre que la norme actuelle de traitement avec une dose élevée de cytarabine (3 000 mg/m2 deux fois par jour), l’un des principaux agents chimiothérapiques utilisés dans le traitement de la LAM, représente une surdose », explique au « Quotidien » le Dr Bob Lowenberg (Rotterdam) qui a dirigé ce travail. « Une dose 10 fois plus faible permet un traitement antileucémique aussi efficace, avec les mêmes taux de réponse, des risques similaires de rechute et une même survie, mais avec le grand avantage de toxicités moindres oculaire, hépatique, rénale, gastro-intestinale, neurologique…, d’une hospitalisation plus courte et de besoins transfusionnels réduits. La dose intermédiaire est aussi de moindre coût ».
« Par ailleurs la LAM est une maladie hétérogène, avec des formes plus favorables, d’autres plus agressives. La seconde conclusion de notre étude est que l’absence de bénéfice de la dose élevée de cytarabine s’applique à toutes ces formes. Ces résultats établissent une nouvelle norme de traitement ».
Traitement d’induction et de consolidation.
La cytarabine est l’une des pierres angulaires du traitement de la leucémie aiguë myéloïde depuis plus de 30 ans. Initialement utilisée dans le traitement d’induction à la dose de 100 à 200 mg par m2 de surface corporelle, on a commencé à évaluer à partir des années 1980-1990 une dose bien plus élevée, de 2 000 à 3 000 mg/m2. On a constaté un risque réduit de rechute et une survie sans rechute plus longue, au prix d’une toxicité et sans amélioration de la survie globale. Si la dose élevée de cytarabine est actuellement utilisée pour le traitement d’induction et de consolidation de la LAM chez les patients de moins de 60 ans, des doses intermédiaires n’ont jamais été évaluées de façon correcte.
Une vaste étude multicentrique randomisée, conduite par le groupe belge et néerlandais HOVON et le groupe suisse SAKK, a comparé les doses élevées et intermédiaire en traitement d’induction chez des adultes âgés de 20 à 60 ans récemment diagnostiqués.
Le groupe affecté à une dose intermédiaire de cytarabine (n = 431) a reçu une dose de 200 mg/m2/j en perfusion continue de J1 à J7 pendant le cycle 1, puis 1 000 mg/m2 en perfusion, deux fois par jour, de J1 à J6 J pendant le cycle 2 du traitement d’induction.
Le groupe affecté à une dose élevée de cytarabine (n = 429) a reçu un schéma à posologie croissante de 1 000 mg/m2, en perfusion, deux fois par jour pendant le cycle 1, puis 2 000 mg/m2 en perfusion pendant 6 heures, deux fois par jour, à J1, 2, 4 et 6.
Les 2 groupes recevaient par ailleurs de l’idarubicine dans le cycle 1 et de l’amsacrine dans le cycle 2.
Les patients montrant une rémission complète n’ont pas reçu de cytarabine supplémentaire, mais un 3e cycle de chimiothérapie (mitoxantrone-étoposide) ou ont subi une greffe de moelle osseuse autologue ou allogénique.
Après 5 ans de suivi, les groupes à dose intermédiaire et à dose élevée montrent les mêmes taux de rémission complète (80 % et 82 %, respectivement), de rechute, de survie à 5 ans sans rechute (34 % et 35 %) ou de survie globale (40 % et 42 %). La dose élevée ne procure aucun avantage net dans n’importe quel sous-groupe pronostique. Toutefois, elle entraîne plus d’effets toxiques de grade 3 et 4 pendant le cycle 1 (61 % contre 51 %), une hospitalisation plus longue, une récupération des neutrophiles plus lente dans le cycle 2 et une restauration des plaquettes plus lente dans les cycles 2 et 3.
News England Journal of Medicine, 17 mars 2011, Lowenberg et coll., p 1027.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024