Une grande disparité entre les localisations

Publié le 11/02/2016
Article réservé aux abonnés

« Il y a une très grande disparité de survie entre les localisations cancéreuses, avec des survies à 5 ans allant de 4 % pour le mésothéliome de la plèvre à 96 % pour le cancer du testicule et 98 % pour le cancer de la thyroïde chez la femme.

Pour les cancers les plus fréquents, la survie à 5 ans est de 94 % pour le cancer de la prostate, 87 % pour le cancer du sein et 16 % ou 20 % selon le sexe pour le cancer du poumon. Entre les périodes 1989-1993 et 2005-2010, la survie s’est améliorée pour toutes les localisations, sauf pour le cancer du col, de la vessie et les tumeurs cérébrales. Les améliorations les plus spectaculaires s’observent pour les cancers de la prostate et de la thyroïde, mais ce sont les deux cancers les plus sujets au surdiagnostic.

En effet on sait, d’après le résultat d’autopsies systématiques, que 30 % des hommes de 30 ans et 80 % des hommes de 80 ans ont un cancer dans leur prostate ; la plupart de ces cancers sont bien entendu destinés à ne jamais devenir symptomatiques de leur vivant. Si l’on fait un dosage de PSA, et qu’on le trouve augmenté, on réalise alors plusieurs biopsies et si on trouve des cellules cancéreuses, on traite celui qui est ainsi devenu un patient. Le dosage de PSA est beaucoup trop répandu en France chez les hommes asymptomatiques, on a ainsi créé de toutes pièces une très importante épidémie de cancers de la prostate ayant une survie d’autant meilleure que ces cancers, qui ne seraient jamais devenus symptomatiques, ne les auraient pas tués.

Le nombre de diagnostics annuels est passé de 10 000 cas en 1980 à 64 000 en 2005, alors que le nombre de décès est resté constant depuis 1988 (environ 9 000 décès par an).

La situation du cancer de la thyroïde est analogue, avec des cancers à évolution extrêmement lente qui sont trouvés par des échographies trop souvent systématiques. Le nombre de diagnostics annuels est passé de 1 300 cas en 1980 à 8 200 en 2012, alors que le nombre de décès annuels est passé de 500 à 400.

En dehors de ces améliorations spectaculaires, en partie dues au surdiagnostic, la survie s’est améliorée pour la plupart des localisations, par amélioration de l’efficacité des traitements et prise en charge plus précoce. Les améliorations sont significatives pour les cancers du sein, du poumon, colorectaux, de la bouche et du pharynx, le mélanome, les cancers du rein, du foie, de l’endomètre, l’œsophage, de l’ovaire, et de la langue », a commenté Catherine Hill (IGR, Villejuif).

Pascale Solère

Source : Bilan spécialiste