LA RÉSECTION complète des cancers primitifs de la trachée n’est réalisable que dans moins de 60 % des cas. Cela en raison de la complexité de ces cancers, d’une part, mais aussi à cause de la difficulté que représente la reconstruction de la trachée, y compris chez les patients dont les tumeurs sont opérables.
Le mauvais pronostic de ces cancers (5 % de survie à cinq ans) s’améliorerait considérablement si on disposait de substitut trachéal aux propriétés anatomiques, physiologiques et biomécaniques similaires à celles de l’organe naturel.
Philip Jungebluth et coll. présentent un essai innovant dans ce domaine. Avec le Pr Paolo Macchiarini, ils avaient développé une technique de mise au point d’un greffon réalisé à partir d’une matrice décellularisée de trachée de donneur, ensemencée par des cellules épithéliales et des chondrocytes autologues. Une trachée avait été greffée en 2008 (lire « le Quotidien » du 21 novembre 2008). Une approche assortie de succès, mais dont le développement est limité par le manque de donneurs de trachées et les difficultés de disposer d’organes d’une dimension adéquate.
Les auteurs ont poursuivi leurs recherches et élaboré un projet à partir de matériau constitué d’un polymère nanocomposite synthétique, ensemencé par des cellules mononucléaires autologues provenant de la moelle osseuse du receveur. La matrice a été mise en contact des mononucléaires trente-six heures auparavant avec des facteurs de croissance.
A cinq mois, reprise des activités quotidiennes.
Le patient qui a reçu ce greffon innovant est un homme de 36 ans, souffrant d’une récidive d’un cancer mucoépidermoïde intéressant la trachée distale et une bronche primitive. Étant donné l’extension de la tumeur, le patient ne pouvait être candidat à une résection trachéale avec reconstruction primaire.
La prise en charge de cette récidive a débutée par une intervention chirurgicale assortie d’une radiothérapie. Après la résection tumorale complète, la voie aérienne a été remplacée par le greffon bioartificiel, élaboré sur-mesure pour le patient, à la forme de son carrefour trachéo-bronchique. Pour favoriser la prise du greffe et le remodelage in vivo du greffon, de patient a été traité en post-opératoire pour mobiliser les cellules souches par G-CSF (filgrastim) et époétine bêta, pendant quatorze jours.
Cette greffe est beaucoup plus extensive que celle antérieurement publiée avec une matrice humaine décellularisée.
Les auteurs rapportent dans « The Lancet », les résultats à cinq mois. Le patient a pu retourner à ses activités de la vie quotidienne, sans récidive ni symptômes obstructifs. Des anastomoses patentes sont présentes, une néomuqueuse vascularisée tapisse le greffon, cette muqueuse est en partie couverte par un épithélium quasiment normal. Des éléments complémentaires sont en faveur d’une cicatrisation, d’un remodelage favorable et du développement de la néovascularisation.
Cette approche est pleine de promesses face aux besoins cliniques de greffes bioartificielles, commente un éditorialiste.
The Lancet, en ligne le 24 novembre 2011. Doi :10.1016/S0140-6736(11)61715-7.
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