L’AMPLEUR DU PHÉNOMÈNE est surprenante. Selon une étude menée dans le célèbre hôpital pédiatrique américain Saint Jude, près de 95,5 % des adultes ayant été traités pour un cancer dans l’enfance présentent au moins une affection chronique à l’âge de 45 ans. Pour 80,5 % d’entre eux, il s’agirait d’une maladie grave, invalidante ou menaçant le pronostic vital. « Ces résultats tirent la sonnette d’alarme sur la fait d’être plus proactif (...)», souligne le Dr Melissa Hudson, directeur de recherche au St Jude et co-auteur de l’étude.
Au total, 98 % des 1713 survivants inclus dans la cohorte présentaient au moins une affection chronique au terme du suivi réalisé entre 2007 et fin octobre 2012. Avec un recul médian de 25 ans par rapport au diagnostic initial (leucémies, lymphomes, tumeurs du cerveau ou autres organes), entre 1962 et 2001, ils étaient âgés en médiane de 32 ans. Le protocole de l’étude prévoyait en effet que les survivants se rendent à l’hôpital pour une batterie de tests standardisée et très complète réalisée sur 2 à 3 jours. Ce qui fait de ce travail l’évaluation la plus fiable puisque toutes les études antérieures étaient construites sur les diagnostics rapportés par les patients et/ou les registres, exposant à un risque de sous-estimation. Le plus frappant, c’est que pour des centaines d’affections rapportées, le diagnostic avait été posé au cours des consultations de suivi.
Un vieillissement prématuré
Les affections pulmonaires (65,2 %), auditives (62,1 %), endocriniennes et reproductives (62,0 %), cardiaques (56,4 %, dont valvulopathies) et neurocognitives (48,0 %) arrivaient en tête. À l’inverse, les maladies hépatiques, osseuses, rénales et hématopoïétiques étaient les moins fréquentes (moins de 20 %). Sans surprise, les troubles endocriniens et reproductifs étaient largement associés à un traitement antérieur par radiothérapie et agents alkylants. L’âge relativement jeune auquel ont été découverts des déficits neurocognitifs et neurosensoriels, des affections cardiaques et pulmonaires, est particulièrement frappant. « Ces données indiquent un vieillissement prématuré», note le Dr Hudson.
D’où l’importance d’optimiser des traitements en réduisant l’exposition aux chimiothérapies et à la radiothérapie. Un diagnostic précoce permettrait d’améliorer la morbidité mais aussi la qualité de vie, pour les déficits neuro-sensoriels. « La plupart des affections ont été identifiées tôt, souvent avant l’apparition de symptômes, au moment où les interventions ont le plus grand impact», pousuit-elle. Mais en plus de contrôles médicaux réguliers, un mode de vie sain pourrait éviter ou retarder la progression de certaines affections chroniques, à savoir un régime alimentaire pauvre en graisses et en sucres, l’arrêt du tabac et une activité physique modérée 30 minutes par jour.
JAMA. 2013;309(22):2371-2381
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