Une auto-transplantation hépatique a été réalisée par le Pr Karim Boudjema et son équipe, consistant à enlever ex vivo une tumeur maligne théoriquement inopérable. C’est la seule équipe en France à réaliser cette chirurgie d’exception.
Cette intervention sur un foie ex vivo, pour enlever en totalité une tumeur inopérable in situ, représente un espoir pour certains patients souffrant d’une tumeur du foie placée à un endroit non accessible à la chirurgie conventionnelle, explique le Pr Karim Boudjema, qui a opéré lundi 26 novembre la patiente âgée de 64 ans. Cette dernière présentait un cholangiosarcome, une tumeur à potentiel évolutif lent, qui demeure très longtemps silencieuse avant d’être symptomatique. Très volumineuse, la tumeur envahissait 60 % du foie, mais il n’y avait pas de métastases. En revanche, le pédicule hépatique et les veines sus-hépatiques étaient concernés.
Les techniques conventionnelles n’étaient pas applicables. « In situ, la reconstruction de l’artère hépatique, de la veine porte, des veines sus-hépatiques sont très difficiles. On ne peut réparer correctement que si l’on prend son temps. » La reconstruction ex vivo est « incomparablement plus précise ».
70% du volume du foie reconstitué en 3 semaines
Pour ce « travail sur établi » (bench surgery), la patiente est placée sous circulation extra-corporelle. On extrait son foie, qui est réfrigéré à 4°. Une ablation minutieuse à l’aide d’un bistouri à micro-ondes des parties atteintes est réalisée, en maintenant l’organe à basse température, ce qui a pris 2 heures 30. Un volume de 30 % de foie sain a été replacé dans l’abdomen de la patiente. L’intervention a duré au total pratiquement 8 heures. « Le foie se régénère très rapidement », explique le spécialiste. « Au bout de 3 semaines, 70 % du volume est retrouvé. Il faut ensuite quelques mois pour récupérer les 30 derniers pour cent. »
Pour la cinquième fois en dix ans, cette équipe a réalisé cette « auto-transplantation hépatique », à chaque fois pour une tumeur cancéreuse. Les patients éligibles doivent répondre à un ensemble de critères stricts. Parmi les 4 patients précédents, deux ont récidivé, un a vécu 10,5 ans puis est décédé d’un autre cancer et le dernier va très bien, un an et demi après son opération.
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