JUSQU’À présent aucune prévention de la mort subite au cours de l’épilepsie (MSE) n’avait fait ses preuves. Une solution, vient d’être suggérée par trois chercheurs lyonnais, Philippe Ryvlin, Michel Cucherat et Sylvain Rheims, en vérifiant une hypothèse qu’ils ont formulée. Chez des patients atteints de crises comitiales réfractaires au traitement, l’adjonction d’antiépileptiques à doses efficaces réduit le risque de mort subite.
Ces MSE surviennent le plus souvent en l’absence de témoins au cours du sommeil, mais sont habituellement attribuées à des crises comitiales, par des mécanismes mal connues. Des facteurs de risque ayant été identifiés, leur prévention pourrait agir de façon positive sur le taux de décès. Au nombre de ces facteurs se trouve un traitement optimal. Ce qui a fourni l’idée aux Français d’utiliser le principe de la métaanalyse d’essais contrôlés contre placebo pour le vérifier. De plus comme les MSE surviennent rarement au cours des essais, l’accumulation de données fournie par la métaanalyse augmente la puissance statistique de leur calcul.
Ce sont donc 112 essais randomisés, menés de 1960 à 2010, qui ont été passés au crible. Ils portaient sur l’adjonction d’un traitement antiépileptique chez des patients porteurs d’une épilepsie résistante. Au total 33 décès ont été relevés, dont 20 de façon subite. Parmi eux, 18 étaient considérés comme une MSE certaine ou probable, les deux autres comme possibles. Les MSE certaines ou probables, toutes les MSE et les décès toutes causes étaient significativement plus bas dans le groupe sous traitement additionnel que dans celui sous placebo. Les odds ratios respectifs sont établis à 0,17 ; 0,17 et 0,37. Rapportés à 1 000 personnes-années les cas certains ou probables sont estimés à 0,9 sous traitement complémentaire et à 6,9 sous placebo.
Une moindre fréquences des crises comitiales.
Cette diminution des décès serait attribuée à liée à un traitement complémentaire bien conduit. L’objectif serait donc d’agir sur le nombre de crises pour réduire, par ricochet, celui des MSE.
Rejoignant les conclusions de Lyonnais, deux neurologues de Stockholm, dans un éditorial, ajoutent que contrairement à un courant de pensée, la polythérapie ne majore pas le risque de MSE. Le travail français prêche d’ailleurs pour une révision du traitement en cas d’épilepsie réfractaire. Même si, comme le précisent les auteurs, quelques études ont suggéré une majoration de MSE lors de ces traitements lourds, il est probable que les résultats ont été biaisés par le fait que les patients les plus polymédicamentés sont également ceux atteints des épilepsies les plus graves.
P. Ryvlin et col concluent en espérant que leur travail fournira une base de prise en charge pour ces patients. D’autant plus, rappellent-ils, que le rapport bénéfice-risque d’un traitement antiépileptique complémentaire est généralement considéré comme faible. Il n’apporte que peu d’intervalles libres prolongés, l’intérêt clinique d’une réduction incomplète de la fréquence des crises apparaît discutable et il crée de fréquents effets indésirables. Dès lors praticiens et patients peuvent se montrer moins insistants sur un traitement lourd. Les Lyonnais montrent combien cette attitude peut être délétère pour les patients.
Lancet Neurology, publié en ligne, DOI:10.106/S1474-4422(11)70193-4.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024