PAS DE GRANDE surprise. Ces 10 plaies des temps modernes, tout le monde les connaît. Ce sont d’autres renseignements très informatifs que nous apporte l’étude Interstroke dans l’accident vasculaire cérébral (AVC). Ce vaste travail mené dans 22 pays fait prendre d’abord conscience que ces dix facteurs de risque sont responsables de plus 90 % des AVC tous types confondus, ischémiques et hémorragiques. Cet état de fait est valable dans les pays riches développés, mais aussi dans ceux qui le sont moins. Mais ce n’est pas tout, l’équipe internationale coordonnée par les Drs Martin O’Donnell et Salim Yusuf a également mesuré la part respective de chacun dans le risque global.
Cinq facteurs de risque en particulier, à savoir l’hypertension artérielle (HTA), le tabagisme actif, l’obésité abdominale, le régime alimentaire et l’activité physique, compteraient ainsi pour plus de 80 % du risque total d’AVC. L’HTA est de loin le facteur de risque le plus important, puisqu’elle serait associée à un tiers du risque global et multiplierait par 2,5 fois la probabilité d’AVC par rapport à l’absence d’antécédent tensionnel.
L’HTA, l’ennemi numéro 1.
Entre mars 2007 et avril 2010, 3 000 cas d’AVC pour autant de témoins ont été inclus dans l’étude, la majorité des événements étant ischémiques à 78 % (n = 2 337) versus 22 % pour les hémorragiques (n = 663). Le recrutement était réalisé dans les 84 centres participants situés dans 22 pays, parmi lesquels le Canada, la Chine, l’Inde, l’Irlande, l’Ouganda, l’Australie, la Colombie ou les Philippines, et tous les autres. Pour la sélection, il était exigé que les symptômes d’AVC datent de moins de 5 jours et que les patients soient admis depuis moins de 72 heures. Les témoins étaient indemnes de tout antécédent d’AVC et étaient appariés aux cas pour l’âge et le sexe. Pour tous les participants, un questionnaire standardisé était rempli et un examen physique effectué. Pour une grande majorité d’entre eux, des examens sanguins et urinaires étaient disponibles.
Les investigateurs ont ainsi trouvé dix facteurs significativement associés au risque d’AVC : l’HTA, le tabagisme actif, l’obésité abdominale, le régime alimentaire, l’activité physique, le diabète, la consommation d’alcool, le stress psycho-social et la dépression, les causes cardiaques et le rapport des apolipoprotéines B/A1. Tous étaient significatifs pour les AVC de type ischémique, seuls cinq l’étaient pour ceux de type hémorragique. Il s’agissait de l’HTA, du tabagisme, du périmètre abdominal, du régime alimentaire, et de la prise d’alcool. L’HTA était définie par un chiffre › 160/90 mmHg. Ce paramètre était en effet rapporté lors de trois temps-clefs pour les cas : à l’admission, le lendemain matin et lors d’un entretien notant les antécédents.
Risque nul après l’arrêt du tabac
D’après les résultats de l’étude Interstroke, l’HTA serait donc le plus important facteur de risque d’AVC tous types confondus, avec un danger plus grand d’hémorragies que d’ischémies cérébrales, en particulier pour les sujets jeunes de moins de 45 ans. Quant au tabagisme, les auteurs ont mis en évidence une relation dose-réponse selon le nombre de cigarettes fumées par jour. Mais bien plus important, ce risque semble diminuer rapidement à l’arrêt pour disparaître complètement. Les ex-fumeurs sevrés présentaient un risque comparable aux non-fumeurs. La consommation de fruits et de poisson était la plus protectrice, sans que soit retrouvé l’effet des légumes, tant vanté dans l’infarctus du myocarde. Élément très curieux, les apolipoprotéines semblent jouer un rôle plus important que les lipoprotéines dans AVC ischémiques. Mais surtout, l’étude Interstroke montre que, dans les pays développés comme ceux en développement, de nombreux facteurs sont modifiables et pourraient réduire, une fois modifiés, de façon importante le risque d’AVC. Les campagnes « bonne santé », anti-HTA, anti-tabac, anti-obésité, pro-sport et pour une alimentation saine ont encore de beaux jours …
The Lancet, publié en ligne le 18 juin 2010.
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