La colchicine aura-t-elle une seconde vie ? L’essai LoDoCo (Low Dose Colchicine) présenté lors du congrès de l’American Heart montre qu’en association avec le traitement conventionnel, la colchicine donnée à faible dose diminue de 67 % le risque de récidive d’événements cardiovasculaires chez des coronariens stables : pour seulement 11 patients traités, un événement est évité. La molécule est connue, bien étudiée, pas forcément bien tolérée certes mais disponible, facile à utiliser et peu chère. Trop beau pour être vrai ?
« Ces résultats préliminaires sont très positifs, explique le Pr Nicolas Danchin (HEGP, Paris), ils montrent une diminution des récidives de syndromes coronaires aigus mais pas des infarctus par resténose dont on sait qu’ils sont peu en rapport avec l’inflammation ; c’est donc une action forte sur l’évolution de la maladie elle-même. Cela est en accord avec l’hypothèse inflammatoire de l’athérome mais ces résultats qui, en gros, pourraient correspondre à l’équivalent d’un essai de phase II, restent à confirmer sur de plus grands effectifs. »
La colchicine n’a pas donc tout à fait fini de nous étonner. Après avoir démontrée des résultats positifs dans les récidives de péricardites, la colchicine est à nouveau étudiée en dehors de son indication habituelle, l’accès aigu de goutte et sa prophylaxie.
Ces essais sont motivés par les propriétés anti-inflammatoires de la molécule, notamment sur les neutrophiles, qui diminueraient l’instabilité des plaques et par conséquent l’instabilité clinique.
Dans cet essai australien conduit par le Dr Stefan Nidorf ( Perth, Australie), 582 patients coronariens cliniquement stables depuis 6 mois, âgés de 35 à 85 ans, ont été randomisés en aveugle et en 2 groupes afin de recevoir la colchicine à faible dose, 0,5 mg/j ou un placebo. Le critère primaire de l’essai était la survenue d’événements cardiovasculaires majeurs (syndromes coronaires aigus, thrombose de stents, arrêt cardiaque, AVC non embolique).
Réduction du risque de 67%
Les patients étaient âgés en moyenne de 67 ans, près d’un tiers était diabétiques de type 2, 55 % avaient eu une angioplastie et 16 % un pontage. La majorité d’entre eux étaient traités par forte dose de statines et par une double anti agrégation plaquettaire associant clopidogrel et aspirine.
Durant le suivi de trois ans, le critère primaire a été observé chez 16 % des patients du groupe contrôle (16/250) et 15 des 232 patients assignés aux faibles doses de colchicine (HR 0,33 ; IC 95 % (0,18-0,60); p‹0,001) soit une réduction de 67 % du risque .
La réduction du risque d’AVC est de 77 % ( 0,03-2,03) mais non significative au plan statistique.
Le bénéficie de la colchicine est stable dans tous les sous groupes. Ainsi la colchicine en association au traitement conventionnel réduit le risque de récidive d’événements cardiovasculaires chez les coronariens stables, l’effet est précoce et principalement conduit par la diminution d’événements de novo et non liés aux resténoses de stents.
N’oublions pas que la molécule n’est quand même pas parfaitement tolérée : 11 % des patients ont quitté l’essai pour une intolérance gastro-instestinale précoce et 5 % tardivement.
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