UNE CONTRAINTE au travail est définie comme une situation professionnelle combinant une forte demande (pression) et un faible contrôle sur la décision (peu de prise) dans l’exécution de la tâche. Le modèle de la contrainte au travail a été très utile aux travaux épidémiologiques sur les maladies et les facteurs psychosociaux associés au travail (Karasek, 1981). Certaines études ont montré un doublement du risque de maladies coronaires et cardiaques. D’autres résultats sont plus modestes. La notion continue à être sujette à débats, en raison d’un manque d’unité méthodologique.
La vaste méta-analyse réalisée par une collaboration entre différents auteurs européens (premier auteur : Mika Kivimäki), apporte un éclairage plus précis sur le risque associé à un stress au travail. Le Consortium européen UPD-WORK (Individual Meta-analysis in Working Populations) a été mis en place en 2008, avec la participation de chercheurs français de l’INSERM et de l’Université de Versailles Saint-Quentin (Marie Zins, INSERM U1018). Les chercheurs ont réalisé la plus grande méta-analyse jamais conduite sur l’association entre le stress au travail et la survenue d’événements coronariens. La méta-analyse porte sur 197 473 observations réalisées dans 7 pays Européens (1985-2006) provenant de travaux publiés ou non. Treize cohortes dans 7 pays (Finlande, Suède, Danemark, Pays-Bas, Belgique, France avec la cohorte GAZEL et Royaume-Uni), ont été analysées. À l’inclusion, les participants (42,3 ans de moyenne d’âge, autant d’hommes que de femmes) ne présentaient pas de maladies cardio-vasculaire et les études portaient sur les liens entre la contrainte au travail et la maladie coronaire.
Questionnaire sur les aspects psycho-sociaux.
La contrainte au travail était mesurée dans toutes les études à l’aide d’un questionnaire validé standardisé portant sur les aspects psychosociaux liés au travail. Les sujets ont rempli un questionnaire. Il s’agit par exemple d’analyser la demande, l’excès de travail des individus, les demandes conflictuelles auxquelles ils sont confrontés, le temps restreint pour accomplir les tâches qui leur sont confiées.
On a comparé une exposition à une contrainte au travail (forte demande et faible prise) à une absence de contrainte, c’est-à-dire aux autres situations qui sont : faible contrainte (peu de demandes et une bonne prise), passive (peu de demande et peu de prise), active (forte demande et forte prise).
La proportion d’individus exposés au stress au travail est de 15,3 % (elle variait entre 12,5 % et 22 % dans les précédentes études).
Les chercheurs ont recensé 2 356 événements coronariens incidents (survenue d’un premier infarctus ou d’un décès coronarien) au cours de la période de suivi de sept ans en moyenne.
Renforcer la prévention.
« Les résultats révèlent que les individus exposés au stress au travail ont un risque de 23 % plus élevé de faire un infarctus que ceux qui n’y sont pas exposés », explique Marcel Goldberg (chercheur INSERM). La prise en compte des variables telles que le mode de vie, l’âge, le sexe, le statut socio-économique et les répartitions géographiques des participants, n’affecte pratiquement pas les résultats.
Les chercheurs considèrent que dans la population générale, le stress au travail est associé à une augmentation du risque d’infarctus qui est modeste, mais non négligeable. « Dans notre étude, 3,4 % des infarctus recensés parmi les 200 000 individus sont dus au stress au travail. Sur les 100 000 à 120 000 infarctus annuels en France, cela correspond à 3 400 à 4 000 accidents imputables à ce facteur de risque », souligne Marcel Goldberg.
Un facteur de risque que l’on peut réduire, en renforçant la prévention du stress au travail, conseille l’équipe européenne. Ce qui est susceptible d’avoir un impact positif sur d’autres facteurs de risque associés (tabac, alcool…).
Mika Kivimäki et coll., The Lancet, 14 septembre 2012. Http ://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(12)60994-5.
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