Un nouveau stent entièrement biodégradable mis au point par le Pr Antoine Lafont, cardiologue à l’hôpital Européen Georges Pompidou, et le Pr Michel Vert chimiste au CNRS, spécialiste des polymères biodégradables, vient d’être implanté chez un homme de 61 ans à Toulouse par le Dr Fajadet*.
A la différence de ses prédécesseurs, ce nouveau stent est « vraiment » biodégradable et se démantèle au bout de trois mois, le temps nécessaire et suffisant pour que l’artère recouvre sa force mécanique. C’est la grande nouveauté car les stents biodégradables actuels ne se dégradent vraiment qu’au au bout de 2 ans.
« La force mécanique de l’artère implantée doit tenir trois mois, explique Antoine Lafont (hôpital Européen Georges Pompidou, INSERM U970, Université Paris Descartes). Nous avons organisé un démantèlement du stent par un procédé de fabrication qu’il faut imaginer un peu comme un puzzle. Le stent se fragmente après 3 mois et cette fragmentation permet à l’artère de s’élargir. Le « late lumen loss » (ndlr : différence entre le diamètre de la lumière avant et après pose de stent) devient négatif à 9 mois dans les essais précliniques. »
Autre différence de procédé : « Nous ne considérons plus le processus de cicatrisation comme un ennemi mais comme un allié. La néointima qui se recrée au centre de l’artère est une artère saine, indispensable, qu’il ne faut pas inhiber, poursuit le spécialiste. Á 6 mois, notre stent va s’élargir en même temps que la néointima ». A 18 mois, il aura complètement disparu.
Des polymères d’acide lactique
Le stent est constitué de polymères d’acide lactique, spécialitée de Michel Vert, chimiste et coauteur de la découverte. Il est aujourd’hui disponible en une seule taille, 11,5 mm de longueur sur 3 mm de diamètre. Comme tout premier stent, il est pour le moment implanté sur des lésions simples courtes.
« C’est un produit indépendant de l’industrie américaine, préciseAntoine Lafont, qui a créé sa start up en 2002 dix ans après son retour de Cleveland. Nous avons reçu 17 millions d’euros en 10 ans, c’est un budget très modeste pour atteindre l’étape critique de l’évaluation chez l’homme par rapport à ce qui est investi par les grands fabricants industriels ; nous sommes reconnaissants aux investisseurs français publics et privés. »
Les conséquences pour les patients sont de réduire la double antiagrégation plaquettaire (clopidogrel, aspirine) au long cours puisque ce nouveau stent n’est pas enrobé et se comporte comme un stent nu. Seul l’aspirine est prescrite. Les patients sont très sensibles aussi à l’idée d’un stent qui disparaît à 18 mois.
Un autre patient devait être implanté à l’HEGP, vendredi 20 juillet.
* Clinique Pasteur
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