« SI NOUS nous concentrons uniquement sur les 10 prochaines années de la vie d’une personne, l’information que nous donnons sur le risque cardio-vasculaire est incomplète et trompeuse. Avec seulement un facteur de risque, la probabilité est très grande pour quelqu’un de déclarer un accident cardio-vasculaire majeur qui le tuera ou altérera considérablement sa qualité de vie ou sa santé », exprime dans un communiqué le Dr Donald Lloyd-Jones (Chicago), qui a dirigé l’étude.
Jusqu’ici, la plupart des estimations du risque de maladie cardio-vasculaire à long terme (ou à vie) ont été dérivées d’analyses se limitant à des facteurs de risque mesurés à un âge donné, dans une population principalement masculine et caucasienne.
Les données de 18 études.
Berry et coll. ont donc conduit une méta-analyse (Cardiovascular Lifetime Risk Pooling Project), regroupant les données de 18 études longitudinales de cohortes américaines (plus de 257 000 participants) réalisées au cours des 50 dernières années. Cette étude inclut des hommes et des femmes, d’ethnies blanche et noire. Leurs facteurs de risque cardio-vasculaire ont été mesurés à 45, 55, 65 et 75 ans.
Quatre facteurs de risque - TA, cholestérol, tabagisme, et diabète - ont été utilisés pour stratifier les sujets en cinq catégories :
- Catégorie 1, le profil des facteurs de risque est optimal : cholestérol ‹ 180 mg/dl, TA non traitée ‹ 120/80, non-fumeur, non diabétique.
- Catégorie 2, au moins un facteur de risque est non optimal : cholestérol entre 180 et 199 mg/dl, TA à 120-130 ou 80-89.
- Catégorie 3, au moins un facteur de risque est élevé (TA ou cholestérol).
- Catégorie 4, un facteur de risque majeur est présent.
- Catégorie 5, au moins 2 facteurs de risque majeurs sont présents.
Les risques d’événements cardio-vasculaires (IdM ou AVC) pour le restant de la vie ont été estimés, dans chaque catégorie de facteurs de risque, à 45, 55, 65 et 75 ans.
L’influence des facteurs de risque traditionnels sur le risque définitif se confirme.
Facteurs de risque majeurs.
Ainsi, les hommes de 45 ans dont le profil de facteurs de risque est optimal ont un risque de 1,4 % d’IdM ou d’AVC pendant le reste de leur vie. Ceux qui ont un profil non optimal ont un risque de 31,2 %, et ceux qui ont au moins 2 facteurs de risque majeurs ont un risque de 49,5 %. Pour les femmes de 45 ans, ces risques sont, respectivement, de 4,1, 12,2 et 30,7 %.
Parmi les hommes de 55 ans, les risques d’événements cardio-vasculaires sont respectivement de 14,6 % (profil optimal), 19,7 % (profil non optimal) et 29,6 % (catégorie 5). Pour les femmes de 55 ans, respectivement : 10,1, 13,3 et 29,2 %. « Même une légère augmentation des facteurs de risque, du niveau optimal a un niveau non optimal, élève significativement le risque définitif d’une personne », souligne le Dr Lloyd-Jones.
Parmi les hommes de 55 ans, le risque d’IM (fatal ou non) est de 3,6 % pour un profil optimal contre 37,5 % pour un profil de catégorie 5, tandis que celui d’AVC (fatal ou non) est de 2,3 % contre 8,3 %. Parmi les femmes de 55 ans, les chiffres sont, respectivement : ‹ 1 % contre 18,3 %, et 5,3 contre 10,7 %. Ainsi les femmes sont plus à risque d’AVC, mais pas d’IdM.
Ces risques définitifs sont similaires dans les populations noire et blanche, ainsi que dans les diverses cohortes. Il convient de noter que le degré d’activité physique n’a pas été pris en compte dans cette méta-analyse.
Berry et coll., New England Journal of Medicine, 25 janvier 2012, p; 321.
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