Depuis vingt ans, le fardeau économique lié aux maladies cardiovasculaires a été évalué à plusieurs reprises dans l’Union européenne (UE). Ainsi, en 2003, ce coût avait été estimé à 169 milliards d’euros pour 25 pays de l’UE. Et en 2017, ce chiffre atteignait plutôt 210 milliards d’euros. Soit des coûts plus importants que ceux associés, par exemple, au cancer (126 milliards d’euros pour 27 pays de L’UE en 2009).
Cependant, ces estimations méritaient d’être mises à jour, aucune actualisation n’ayant été réalisée ces dernières années — alors que les maladies cardiovasculaires demeurent en Europe la première cause de morbidité et continuent de compter parmi les principaux pourvoyeurs de décès (avec 1,7 million de morts en 2021). En outre, ces études présentaient diverses lacunes — et avaient par exemple omis les coûts liés aux soins à long terme, à l’institutionnalisation de certains patients, etc.
Dans ce contexte, le fardeau lié aux maladies cardiovasculaires a de nouveau été calculé dans 27 pays de l’UE pour l’année 2021, en incluant les dépenses de santé, mais aussi les coûts des soins informels ou liés à une perte de productivité des patients (1).
Pour ce faire, « des données (…) d’utilisation des ressources, sur la morbidité, la mortalité, les soins de santé, les prises en charge sociales et informelles par pays ont été recueillies auprès de sources internationales comme Eurostat », précisent les auteurs. Pour la première fois, le programme Atlas de la Société européenne de cardiologie, et l’Enquête européenne sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe ont aussi été exploités.
55 % des coûts liés aux soins et la couverture sociale
Finalement, selon ce travail, en 2021, le fardeau économique associé aux maladies cardiovasculaires dans l’UE atteignait 282 milliards d’euros (équivalents à 630 euros par habitant). Deux pathologies étaient particulièrement incriminées : la maladie coronaire (associée à des coûts de 77 milliards d’euros) et les maladies cérébrovasculaires (76 milliards d’euros).
Sans surprise, ce poids économique pèse majoritairement (à hauteur 55 %, soit 155 milliards d’euros, 347 euros par habitant) sur les systèmes de santé et de sécurité sociale. 60 % du fardeau lié aux soins était porté par l’hôpital – et seuls 2 % par les services d’urgences. Parmi les coûts endossés par les systèmes de sécurité sociale, 25 milliards d’euros concernaient des soins à long terme, les Ehpad, etc.
45 % des coûts non liés aux soins de santé
Mais une proportion non négligeable de ce poids économique (45 %) n’était pas liée aux soins de santé. Par exemple, les coûts des soins informels (administrés gratuitement par des aidants) atteignaient 79 milliards d’euros, et la perte de productivité liée à la morbidité ou la mortalité prématurée 48 milliards d’euros.
Si ce fardeau lié aux maladies cardiovasculaires reste inégalement porté par les pays de l’UE (la France semblant dans la moyenne basse des pays d’Europe, avec un fardeau de 520 euros par habitant, moindre qu’au Danemark ou en Suède, par exemple), les différences entre les pays tendent à s’estomper depuis les années 2000. Quoi qu’il en soit, ces inégalités entre pays restent difficiles à interpréter.
Un fardeau encore sous-estimé ?
Comme toute tentative d’estimation médico-économique, cette étude comporte diverses limites. Par exemple, la notion de soins informels n’est pas bien définie. De plus, certaines informations manquent (motifs exacts des hospitalisations, coûts liés à l’imagerie, etc.). En outre, l’épidémie de Covid-19 pourrait avoir affecté les résultats. Et surtout, l’absence de prise en compte des coûts liés aux activités d’administration liées aux soins, aux dépenses des foyers, aux soins de prévention et de réhabilitation, etc. pourrait avoir conduit à une sous-évaluation du fardeau économique.
Quoi qu’il en soit, l’auteur d’un éditorial de l’European Heart Journal consacré à cette étude (2) considère que ce travail décrit bien « le paysage global » de l’impact économique des maladies cardiovasculaires en Europe, et pourrait permettre de guider les politiques de santé publique européennes.
(1) Ramon Luengo-Fernandez, Marjan Walli-Attaei, et al. Economic burden of cardiovascular diseases in the European Union: a population-based cost study. Eur Heart J. 2023 Dec 1;44(45):4752-4767 (2) William S Weintraub. High costs of cardiovascular disease in the European Union. Eur Heart J. 2023 Dec 1;44(45):4768-4770
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