« ÉCOUTEZ facilement et en toute sécurité les battements du cœur de l’enfant que vous portez. » C’est en ces termes que les publicités vantent un Doppler de cœur fœtal destiné aux futures mamans. La mode n’est a priori pas encore arrivée en France, mais des appareils sont d’ores et déjà disponibles. Pourtant…
Dans le « BMJ » un médecin britannique rapporte un cas clinique très démonstratif sur la sécurité de ces appareils. Une femme de 34 ans, enceinte de 38 semaines, se présente aux urgences hospitalières un lundi, ne percevant plus le cœur de son bébé avec son Doppler « familial ». Cette femme, en parfaite santé par ailleurs, avait constaté, le vendredi précédent, une diminution des mouvements de son enfant. Un examen Doppler des battements cardiaques l’avait rassurée tout au long du week-end. Pourtant, l’échographie réalisée en urgence constate la mort in utero. Les auteurs présument qu’elle avait confondu ses propres pulsations ou les battements du cordon avec les bruits du cœur fœtal (nl = 110 à 160/min) déjà arrêté. D’emblée signalons que la cause de la mort n’a pu être élucidée. Les auteurs pensent que même si elle avait consulté le vendredi le décès eut été inéluctable.
Des décès dans des conditions similaires.
Face à cette histoire catastrophique, les auteurs ont branché leurs ordinateurs sur Internet. Ils ont trouvé deux choses : la grande diversité d’appareils en vente et des descriptions de décès survenus dans des conditions similaires.
L’équipe britannique, tout comme une éditorialiste, clame que bien que les distributeurs vantent la sureté de leurs appareils, n’analyse pas des battements cardiaques fœtaux qui veut. Et la prétendue sécurité d’emploi peut devenir une arme à double tranchant. Pourtant, dans son éditorial, Rebecca Coombes (Londres), voit aussi dans cette nouvelle technique, un avantage. Elle songe, entre autres, aux parents ayant déjà vécu la mort d’un enfant in utero. Leur anxiété peut être majeure en cas de diminution de la mobilité du fœtus. Alors, dans cette situation, comme dans d’autres, après une courte formation par le médecin ou l’obstétricien, le Doppler « familial » peut devenir un instrument salutaire pour la maman.
Bien sûr, les recommandations affichées sur les emballages et les notices suggèrent toujours de prendre un avis médical au moindre doute.
BMJ 2009 ; 339 : b4308 et b4421.
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