La télésurveillance en cardiologie associe, le plus souvent, deux objets connectés : une balance et un outil, souvent de type tablette, afin de permettre aux patients de répondre à des questions sur d’éventuels signes de décompensation. L’atout de l’étude TakeCoeur est d’expérimenter l’ajout, à ce dispositif, d’une montre connectée. « Le CHU de Brest est à l’origine de cette initiative, explique le Pr Jacques Mansourati, responsable du département de cardiologie. En tant que cardiologue référent, j’ai travaillé avec les ingénieurs d’une start-up locale pour mettre au point un programme de suivi des patients grâce à des objets connectés, et procéder à son évaluation au fur et à mesure. Nous avons intégré différents paramètres — le poids, l’essoufflement, la fréquence cardiaque au repos, etc.- chez des personnes présentant une insuffisance cardiaque, avec l’objectif d’intervenir suffisamment tôt en cas de problème et d’éviter l’hospitalisation ».
Le projet a immédiatement séduit le centre hospitalier de Vannes. « Nous restons attentifs aux études qui peuvent nourrir notre pratique et apporter des réponses aux questions que nous nous posons, explique le Dr Jean-Michel Quédillac, cardiologue au sein de l’établissement. Dans le cas présent, nous sommes très intéressés par l’analyse de différents paramètres par une intelligence artificielle et ce, sur une large base de données, car cette démarche va nous aider à repérer des éléments pronostiques supplémentaires de décompensation qui n’ont pas encore été suffisamment évalués ou étudiés par d’autres modèles d’IA. Nous pourrons ainsi réanalyser des situations de patients a posteriori, et comprendre ce qui aurait pu nous amener à modifier les thérapeutiques. »
Agir toujours plus vite
Les premiers patients ont été inclus début janvier à Brest, mi-janvier à Vannes. Un maximum d’informations seront collectées dans les mois à venir pour identifier l’indicateur le plus pertinent dans la prévention de l’hospitalisation. « N’oublions pas que l’insuffisance cardiaque est la première cause d’hospitalisation en cardiologie, d’où l’importance de cette étude. L’indice que nous retiendrons sera ensuite testé dans une étude randomisée », poursuit le Pr Jacques Mansourati.
D’autres enseignements sont également attendus, en lien avec les alertes qui seront directement transmises aux équipes médicales en cas de signes inquiétants, une prise de poids par exemple. Sans compter que la montre connectée offre aussi la possibilité de disposer d’enregistrements d’électrocardiogramme. « Il ne s’agit pas d’un tracé complet à 12 dérivations, mais la bande est de suffisamment bonne qualité pour analyser la fréquence. Le patient peut facilement réaliser son propre tracé lorsqu’il ressent un symptôme, comme des palpitations », note le Dr Jean-Michel Quedillac. « En cas d’alerte, une infirmière de pratique avancée en cardiologie ou un médecin appellera la personne concernée, pour lui conseiller de majorer certains médicaments — comme les diurétiques par exemple —, modifier son traitement ou lui demander de venir rapidement en consultation. Je le répète, nous devons à tout prix éviter la décompensation », complète le Pr Jacques Mansourati.
Chaque patient inclus sera aussi sollicité chaque semaine pour répondre à un questionnaire en ligne.
Si l’ensemble des centres hospitaliers de Bretagne ont été sensibilisés à TakeCoeur, plusieurs établissements situés dans d’autres régions ont témoigné leur intérêt au CHU de Brest et leur volonté d’être associés à l’étude. « C’est une excellente nouvelle car nous avons besoin de nombreux patients pour collecter un maximum de données », se réjouit le Pr Jacques Mansourati.
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