LE Pr DIDIER CARRIE et le Dr Jean Fajadet se connaissent depuis longtemps. « Au milieu des années 1980, nous étions dans le même service de cardiologie : lui comme interne et moi comme chef de clinique. Depuis cette date, nous avons toujours conservé des liens étroits », explique le Dr Fajadet, cardiologue interventionnel à la clinique Pasteur de Toulouse. Cette amitié a, de toute évidence, joué un rôle dans l’élaboration de ce projet de collaboration entre cette importante clinique privée et le CHU de Rangueil. « Le facteur humain est important dans ce genre de projet : le fait de bien de se connaître est clairement un avantage pour faire avancer les choses », reconnaît le Pr Carrié, chef de service de cardiologie au CHU Rangueil.
L’objectif des deux établissements est, à terme, de créer une unité mixte de recherche clinique en cardiologie interventionnelle, avec la volonté affichée de disposer d’une « force de frappe » qui permettra à la cité toulousaine de jouer à armes égales avec les autres grands centres de recherche européens. « L’objectif est effectivement d’être compétitif au niveau européen et même international, notamment sur le volume et la rapidité d’inclusion des patients dans des essais de recherche clinique », souligne le Pr Carrié. « Aujourd’hui, le monde de la recherche clinique est en pleine évolution. La compétition internationale est de plus en plus vive entre les gros centres, qui collaborent entre eux pour monter de vastes études multicentriques. Nous sommes convaincus que nous devons être capables, en France, d’atteindre un seuil critique qui nous permettra d’avoir une visibilité internationale mais aussi d’attirer de jeunes cardiologues qui veulent s’investir dans la recherche clinique », ajoute le Dr Fajadet.
Cela fait plusieurs années que les cardiologues du CHU et de la clinique Pasteur réfléchissent à ce projet commun qui est maintenant sur les rails et va être conduit de manière progressive. « Début juillet, nous allons concrétiser une première étape avec la signature d’une convention simple entre les deux établissements pour faire de la recherche clinique industrielle sur les stents coronaires. Nous allons pouvoir potentialiser nos forces pour être capables, par exemple, d’inclure très vite 30 ou 40 patients pour une étude sur un nouveau type de stent », souligne le Pr Carrié. Dans un deuxième temps, l’objectif est de créer un centre de recherche clinique.
« En tant que CHU, nous avons le droit d’avoir le label ministériel pour développer un centre de recherche clinique (CRC) et obtenir des moyens supplémentaires à la fois au niveau humain et au niveau financier. D’ici la fin de l’année, nous devrions présenter une demande de CRC pour obtenir ce label. Ensuite, le CHU et la clinique Pasteur souhaitent mettre en place une véritable unité mixte de recherche clinique pour faire de la recherche industrielle mais aussi institutionnelle, notamment par le biais de PHRC et d’appels d’offres locaux et nationaux. Mais dans le cadre de ce projet, la recherche ne serait pas développée directement par le fabricant mais par nos deux établissements avec un label universitaire. Cela nous permettra d’unir nos forces dans le domaine de la recherche, notamment sur les nouvelles technologies interventionnelles, mais aussi de travailler ensemble dans le domaine de l’enseignement. Aujourd’hui, nous travaillons chacun de notre côté avec des fellow européens mais là, nous allons passer à un projet de plus grande envergure au niveau de la formation », précise le Pr Carrié.
Dans le top 5 des centres européens.
De son côté, le Dr Fajadet insiste sur l’intérêt de réunir les potentiels de deux des structures parmi les plus puissantes en France dans le domaine de la cardiologie interventionnelle. « Dans le diomaine des pathologies coronaires, nous avons à la clinique Pasteur le plus gros volume de patients de tous les centres français, publics ou privés. De son côté, Rangueil est le CHU qui a le plus gros volume de patients. En additionnant nos forces, nous aurons un volume de 4 500 à 5 000 patients traités par angioplastie coronaire avec des stents. Cela nous placera au niveau de cinq plus gros centres européens », explique-t-il, en prenant aussi l’exemple des implantations des bioprothèses aortiques par voie percutanée. « Aujourd’hui, nous sommes à quasi-égalité sur le nombre de patients traités : la clinique Pasteur est deuxième en France et Rangueil tout juste derrière, en troisième position. Avec ce projet commun, nous allons passer en première position », constate le Dr Fajadet.
Selon ce dernier, la création de cette unité mixte de recherche clinique va aussi permettre de fédérer une activité avec des centres de taille plus réduite. « C’est un atout pour constituer de grandes études multicentriques. Nous allons aussi travailler en lien avec d’autres organismes de recherche, notamment l’université Paul Sabatier », ajoute-t-il.
Pour le Pr Carrié, la force du projet, mené avec le soutien des tutelles, réside dans le fait que chaque centre dispose d’une activité autonome importante. « Nous avons aujourd’hui à peu près le même nombre de malades traités à Pasteur qu’à Rangueil. Chacun gardera son activité et il n’y a donc aucun risque qu’une structure absorbe l’autre », souligne-t-il.
D’après un entretien avec le Pr Didier Carrié, chef de service de service de cardiologie au CHU Rangueil et le Dr Jean Fajadet, cardiologue interventionnel à la clinique Pasteur de Toulouse et président de l’association européenne de cardiologie interventionnelle (EAPCI).
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