LE QUOTIDIEN - Le cholestérol est il en cause dans la maladie artérielle ?
Pr STEPHEN KOPECKY : Le concept selon lequel le cholestérol est en cause dans la maladie cardiovasculaire a été largement étudié au cours des cinquante dernières années. À l’origine, l’étude de Framingham, lancée, ici, aux États-Unis il y a environ cinq décennies, a permis de découvrir qu’un cholestérol élevé était associé à un risque accru de maladie cardiovasculaire, et cela est appuyé par les modèles animaux. Dans ces modèles, les animaux sont nourris par une alimentation riche en cholestérol et ils développent une maladie cardiovasculaire. Il a été montré aussi que l’administration d’une statine est efficace pour réduire la maladie cardiaque aussi bien chez les animaux que chez les humains. Les statines ont été les médicaments les plus étudiés dans l’histoire du monde, et de multiples études ont montré que l’on peut réduire les infarctus du myocarde fatals et non fatals et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) en administrant des statines aux patients lorsque leur cholestérol est élevé. Il a été amplement démontré qu’il est bénéfique d’administrer des statines à ces patients.
Y a-t-il un bénéfice à prescrire une statine ?
Oui, c’est bénéfique chez les patients qui ont un cholestérol LDL élevé. Nous savons qu’à la naissance notre mauvais cholestérol (LDL) est d’environ 0,50 g/l, et que le taux moyen de cholestérol LDL chez un homme américain victime d’un infarctus du myocarde (IM) est d’environ 1g 20g/l. Nous savons que si nous pouvons abaisser le taux de cholestérol LDL de 1 mg/dL (soit 0,02586 mmol/L), cette réduction abaissera le risque d’IM et d’AVC, fatals et non fatals, de 1 % sur cinq ans. Là où réside le problème est lorsque l’on traite des patients qui n’ont pas réellement besoin d’une statine du fait que leur cholestérol n’est pas trop élevé et qu’ils n’ont pas d’autres facteurs de risque.
Estimez-vous qu’arrêter un traitement par statine fait courir un risque aux patients ?
Oui, de toute évidence. Par exemple, les patients qui vont subir une chirurgie non cardiaque et sont sous statines présentent un risque nettement accru d’infarctus du myocarde (IM) si nous arrêtons leur statine avant l’intervention chirurgicale. La raison est que la chirurgie est un état inflammatoire et qu’elle augmente le risque de survenue d’un IM dans les jours qui suivent l’intervention. De multiples études ont montré que l’arrêt des statines, dans ce cas, majore le risque d’un patient d’avoir un IM. Dans la population générale, il a été montré que si les patients ont un cholestérol LDL élevé, ceux qui restent sous statines se portent mieux et ont moins d’IM que ceux qui arrêtent ce traitement.
Pr Stephen Kopecky, cardiologue à la prestigieuse Mayo Clinic (Rochester, Minnesota).
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