Certains essais cliniques dont le critère primaire préspécifié était autre, en particulier JUPITER*, ont suggéré que les statines pouvaient réduire le risque d’événements thromboemboliques veineux, thromboses veineuses profondes et embolies pulmonaires. Ce bénéfice vient d’être écarté par une métaanalyse regroupant 29 essais avec statine dont certains n’ont pas été publiés. Toutefois, s’il n’apparaît pas sur un grand nombre de patients traités, les auteurs n’excluent pas qu’un effet cliniquement pertinent puisse s’exercer chez environ un patient sur cinq.
Tout dépend du protocole
Ces dernières années, les statines sont apparues comme l’un des traitements les plus efficaces pour réduire le poids des maladies cardiovasculaires, d’origine artérielle, dans le monde. Au cours des nombreux essais cliniques dont elles ont fait l’objet, certains ont suggéré un effet préventif sur les événements thromboemboliques veineux mais sans que ce critère soit spécifié dans le protocole de l’étude.
Ce fut le cas dans HERS (Heart and Estrogen/Progestin Replacement Study), première étude à avoir évoqué en effet anticoagulant des statines.
Rebond en 2009, quand l’analyse de l’essai JUPITER qui a testé la rosuvastatine dosée à 20 mg contre un placebo en prévention primaire chez des patients normocholestérolémiques sélectionnés sur la CRP ultrasensible, c’est-à-dire dans une population saine, montre une réduction de 43 % des événements TEV chez les sujets recevant la statine. Dans cet essai, les événements TEV faisaient partie des critères secondaires préspécifiés et ont donc été pris en compte dans l’analyse statistique.
Une métaanalyse sur 29 essais
Pour avancer dans l’hypothèse d’un effet anticoagulant, une équipe anglaise a colligé les données de 29 essais dont certains non publiés, 22 ayant comparé une statine à un placebo et 7 qui testaient statine à faible dose contre statine à haute dose, soit près de 150 000 patients, et publient leur métaanalyse dans la dernière édition de « PLoS Medicine »**.
Les résultats montrent que dans les essais menés contre placebo, les statines ne réduisent pas significativement les événements thromboemboliques veineux (odds ratio = 0,89, IC 95 %, 0,78-1,01, p = 0,08), les données étant assez homogènes sur le risque distal ou d’embolie. Il n’y pas non plus de bénéfice dans les essais de statine haute dose versus faible dose.
Cette métaanalyse ne confirme donc pas l’effet observé dans l’essai JUPITER : la réduction des événements TEV est beaucoup plus faible (11 %) et non significative au plan statistique (p = 0,08) mais les auteurs admettent dans leurs conclusions un effet modéré et cliniquement pertinent chez environ un patient sur cinq patients dont le profil reste à définir.
* GlynnRJ. A randomized trial of rosuvastatine in the prevention of venous thromboemblim NewEngl J Med 2009 ; 360.
** PLoS Medicine septembre 2012, vol. 9, issue 9, e1001310.
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