LES MÉTHODES actuelles d’estimation du risque de décès (notamment par arythmie ventriculaire) chez les patients victimes d’un infarctus du myocarde reposent généralement sur l’échographie et les scores de risque cliniques (par ex. indice de risque TIMI). Elles identifient un petit groupe de patients à haut risque, qui ne représente toutefois que 30 % des décès survenant après un syndrome coronarien aigu.
Une équipe de chercheurs de l’université du Michigan (Ann Arbor), d’Harvard (Boston) et de MIT (Cambridge) a développé trois nouveaux marqueurs de lésion cardiaque en analysant au moyen d’algorithmes la mine d’informations présente dans l’enregistrement ECG continu effectué au lit des patients durant l’hospitalisation pour IDM.
Ces informations passent souvent inaperçues.
« L’hypothèse sous-tendant notre recherche est qu’il existe énormément d’informations dans les données électrocardiographiques continues qui sont recueillies en routine chez les patients après un IDM. Ces informations passent souvent inaperçues car elles correspondent à des phénomènes subtils et particulièrement difficiles à observer en regardant un petit bout de données. Alors que les humains ont du mal à visualiser cette activité, elle peut être extraite en utilisant des analyses informatisées », explique au « Quotidien » le Dr Zeeshan Syed (université du Michigan).
« En utilisant des techniques informatiques sophistiquées, nous pouvons séparer le bruit de fond de ce qui représente vraiment un comportement anormal indiquant une instabilité du cœur. »
Trois biomarqueurs cardiaques numériques ont ainsi été développés : la variabilité morphologique (VM), la disparité (mismatch) symbolique et les motifs de fréquence cardiaque . Ils ont évalué ces biomarqueurs dans une population de plus de 4 500 patients (provenant de l’étude MERLIN-TIMI36), dont les données de suivi a long terme étaient disponibles.
Une période de 2 ans après l’infarctus.
Les résultats montrent une forte association entre ces 3 biomarqueurs et le décès cardio-vasculaire pendant une période de 2 ans après l’infarctus. Chacun de ces biomarqueurs donne une information indépendante de celle des autres et de l’information procurée par les scores de risque clinique, l’ECG et l’échocardiographie.
Les patients qui ont au moins un biomarqueur numérique de risque ont entre 2 et 3 fois plus de risque de décéder dans les 12 mois. En ajoutant ces 3 biomarqueurs aux approches actuelles d’estimation du risque, les chercheurs pouvaient prédire 50 % de décès en plus avec moins de faux positifs.
« Ceci permettrait une meilleure estimation du risque chez le patient après un infarctus et conduirait à de meilleurs choix thérapeutiques. Ils pourraient potentiellement allonger les vies de dizaines de milliers de patients chaque année », note le Dr Syed. Ces biomarqueurs pourraient être introduits en clinique dans un futur proche, intégrés dans un logiciel ou au sein des moniteurs cardiaques au chevet des patients.
« Nos prochains objectifs sont d’explorer comment mettre nos algorithmes informatiques à la disposition d’autres chercheurs, afin qu’ils reproduisent nos résultats, et également de conduire des études prospectives dans d’autres grandes cohortes…Nos résultats démontrent que des données biométriques, telles que l’ECG, de faible coût, non invasives et facilement obtenues, peuvent être utilisées pour identifier des patients à haut risque de complications », conclut le Dr Collin Stultz (MIT).
Science Translational Medicine, 28 septembre 2011, Syed et coll.
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