LA MULTIPLICITÉ (au moins 3) des formes cliniques complique le diagnostic des formes précoces, infantiles et adolescentes (qui débutent avant l’âge de 18 ans). Le repérage de la maladie en est retardé et donc leur prise en charge.
Plusieurs facteurs concourent à la méconnaissance des schizophrénies à début précoce. Leur rareté, d’abord, avant 18 ans : sur le total des schizophrénies (moins de 1 % d’incidence pour la population générale), 1 % décompense avant 10 ans, 4 % avant 15 ans et 43 % de garçons et 28 % de filles avant 19 ans. Second frein au diagnostic, l’installation insidieuse des troubles, qui contraste avec le début brutal après 18 ans.
Quelles qu’en soient les formes, les schizophrénies à début précoce sont plus sévères, la dimension héréditaire plus forte et les garçons préférentiellement atteints.
Une forme « adultomorphe ».
La forme adultomorphe apparaît chez un sujet au fonctionnement prémorbide peu ou pas altéré et ne diffère pas de façon fondamentale de la description syndromique de la pathologie adulte (symptômes caractéristiques et dysfonctionnement social et/ou des activités). On constate toutefois davantage de symptômes négatifs que positifs. En raison de ce début insidieux, le patient peut avoir conscience du caractère morbide de ses symptômes et donc être enclin à en parler, à condition que ses propos anxieux, voire subdélirants, n’aient pas été banalisés. Le diagnostic différentiel avec une dépression peut être délicat si le tableau clinique associe une aboulie, un retrait, une amimie… Enfin, si l’on y prête attention a posteriori, des anomalies minimes annoncent parfois la maladie, comme une instabilité ou une agitation, une inhibition, etc.
Le spectre autistique.
Ces formes évolutives d’un trouble du « spectre de l’autisme » sont de diagnostic plus difficile encore tant les troubles de la communication et le retard mental souvent associé rendent inaudibles ou peu visibles les hallucinations, le délire, les signes catatoniques ou le repli schizophrénique… Il semble qu’une petite moitié des sujets présentant une schizophrénie précoce ont des antécédents de « Trouble Envahissant du Développement » (TED) (certains répondant aux critères d’autisme infantile). À l’inverse, 10 % des patients TED développent une schizophrénie et 2 % des autistes, ce qui ne plaide pas en faveur d’un continuum entre TED et schizophrénie.
À forte suspicion d’organicité ?
Des « schizophrénies like » accompagnent un certain nombre de pathologies organiques, comme l’abus de substance, les maladies génétiques (chromosomiques et neuro-métaboliques) et les maladies auto-immunes. Les signes psychiatriques peuvent être ici atypiques : hallucinations visuelles, confusion, signes catatoniques fluctuation de la symptomatologie, réaction paradoxale à un traitement antipsychotique notamment. Un début aigu ou à un âge précoce, des antipsychotiques inefficaces, des antécédents familiaux de psychose ou une régression cognitive sont évocateurs dans ce contexte clinique d’une forme organique de schizophrénie. Les signes spécifiques de ces maladies doivent être recherchés (diarrhées, splénomégalie, surdité, etc.). Pour des raisons diagnostiques et pronostiques, le bilan doit être complet. Il inclut une évaluation génétique et organique, ainsi que cognitive (de l’attention et des fonctions instrumentales en particulier), pour une prise en charge scolaire adaptée et à terme la meilleure intégration possible.
D’après la communication du Dr Fanny Gollier-Briant, service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).
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