Manger des brocolis ou des choux limiterait les allergies cutanées, suggère une étude conduite sur des souris par des chercheurs de l'Inserm et de l'Institut Curie* et publiée ce 16 mai dans « eLife ».
Si l'on sait que la sévérité des allergies cutanées varie selon divers facteurs environnementaux, dont le régime alimentaire, la contribution de nutriments spécifiques n'est guère documentée. Les scientifiques se sont spécifiquement intéressés à des composés alimentaires naturellement présents dans les légumes crucifères tels que le brocoli. Ces nutriments ont la particularité d'agir sur l'AhR, le récepteur des hydrocarbures aromatiques.
Dans un premier temps, les chercheurs ont étudié les réactions allergiques de souris nourries selon deux types de régimes, l'un pauvre en agonistes de l'AhR, l'autre riche en ces ligands, en les soumettant à l'allergène papaïne. Ils ont observé que les souris ayant reçu une alimentation sans ces ligands connaissaient une inflammation de la peau et une aggravation de l'allergie cutanée lors de l'exposition à la papaïne. Ce n'était en revanche pas le cas chez les souris ayant eu une alimentation riche en ces agonistes de l'AhR : elles ne présentaient pas de réaction allergique. À noter, un régime pauvre en agonistes de l'AhR n'a pas d'impact sur l'allergie respiratoire, sauf dans le cadre de la marche atopique, où il l'aggrave après une sensibilisation cutanée.
Régulation des cellules de Langerhans via la molécule TGF-bêta
Pourquoi de tels mécanismes biologiques ? Dans un second temps, les scientifiques ont mis en évidence le rôle de ces agonistes de l'AhR dans la régulation de la molécule TGF-bêta dans l'épiderme de la souris. Or cette molécule impacte le fonctionnement des cellules de Langerhans en les retenant. Pour rappel, les cellules de Langerhans jouent un rôle essentiel dans l'atténuation des réponses des lymphocytes T dans les ganglions lymphatiques de la peau.
Selon l'étude, l'absence d'agonistes de l'AhR entraîne une surproduction de TGF-bêta, ce qui bloque la migration des cellules de Langerhans lors de l'exposition à la papaïne, qui ne peuvent alors jouer leur rôle de modulateur de la réponse immunitaire.
« Nos résultats suggèrent qu'un régime alimentaire déséquilibré pourrait augmenter les réactions allergiques cutanées chez l'humain par le biais de mécanismes que nous avons décrit précisément, souligne Élodie Segura, chercheuse Inserm, qui a dirigé cette étude à l’Institut Curie. En schématisant, on pourrait dire que notre travail permet d’expliquer pourquoi manger des légumes comme des brocolis et des choux peut limiter la sévérité des allergies cutanées et pourquoi il est donc important de les inclure dans son régime alimentaire. » Ces résultats soulignent aussi l'importance de proposer aux patients une alimentation équilibrée en parallèle des interventions thérapeutiques.
Les résultats de cette étude pourraient aussi s’appliquer à d’autres maladies de la peau où des mécanismes inflammatoires sont impliqués, comme le psoriasis. Par ailleurs, ils ouvrent des pistes de recherche pour mieux étudier l'axe intestin-peau dans le développement des maladies allergiques, est-il ajouté.
* Grâce la plateforme de pathologie expérimentale et à la nouvelle plateforme de métabolomique et lipidomique de l’Institut Curie.
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