Dermo-allergologie

Anciens, nouveaux allergènes… et épidémies

Publié le 09/03/2015
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Les parfums sont les premiers allergènes des cosmétiques. Le comité scientifique pour la sécurité des consommateurs en Europe vient d’identifier comme allergènes de contact établis chez les humains 54 substances parfumantes et 28 extraits naturels (huiles essentielles) alors que la législation européenne n’en liste que 26.

Teintures capillaires

Les teintures capillaires viennent ensuite. « Le colorant PPD (paraphénylène-diamine) provoque des réactions retardées classiques 48 heures après la teinture (eczéma du cuir chevelu…) mais aussi précoces et sévères. L’ANSM a alerté en 2010 sur la nécessité de rechercher la réalisation d’une teinture capillaire récente avant de conclure à un œdème de Quincke et émis 2 alertes (2009, 2013) », note le Dr Milpied.

Épidémie d’allergie à la methylisothiazolinone (MIT)

Pour remplacer les parabènes suspectés d’être perturbateurs endocriniens, l’industrie a malheureusement préféré le MIT au Kathon CG. On la trouve dans 50 % des cosmétiques (maquillage, hygiène…), les produits ménagers, 90 % des peintures murales à l’eau. Cet allergène donne des réactions croisées avec d’autres isothiazolinones notamment l’octylisothiazolinone (huiles de coupes : aéronautique, garages, moteurs…).

Les allergies à la MIT touchent les deux sexes et tous les âges. « Des bébés font des dermites du siège (lingettes avec MIT) et sont sensibilisés à vie. Les allergiques sensibilisés par voie cosmétique doivent supprimer tous les cosmétiques qui en contiennent, la peinture murale à l’eau au MIT peut causer un eczéma aéroporté (qui impose l’éviction des pièces repeintes environ 45 jours, temps durant lequel la MIT persiste dans l’air ambiant) », explique le Dr Milpied.

Depuis décembre 2013, l’Europe a légiféré pour les cosmétiques mais rien n’est fait pour les peintures à l’eau et autres produits industriels…

Les produits moussants

La cocamidopropylbétaïne (produit moussant allergisant) a été purifiée ou remplacée par des glucosides (decylglucoside, laurylglucoside…) qui depuis 2011, sont sous surveillance (allergies, réactions croisées).

Les protections solaires (PPS)

L’octocrylène (filtre solaire et stabilisateur) présent dans les produits de protection solaire (80 %) et certaines crèmes antirides est signalé depuis 2010 comme allergène de contact chez le petit enfant et photoallergène de contact chez l’adulte. Il est progressivement supprimé.

Les acrylates des ongles artificiels

Les monomères sont allergisants (état liquide, poussière limée volatilisée). Les acrylates sont des allergènes forts et risquent de provoquer rapidement (1 à 2 ans) des allergies professionnelles.

Nodules postvaccinaux

Ces dernières années les dermatopédiatres et dermato-allergologues ont signalé la survenue de nodules persistants aux sites d’injection des vaccins ; dans la quasi-totalité des cas les enfants sont allergiques à l’aluminium. Ces nodules sont bénins et disparaissent au bout de quelques mois ou années.

Allergies au latex et néoprène

Le Dr Milpied signale « le développement d’un caoutchouc issu de sève de guayule, une plante mexicaine, qui pourrait s’avérer moins allergisant que le latex et le néoprène (combinaisons de surf…) ».

D’après un entretien avec le Pr Brigitte Milpied-Homsi, hôpital Saint-André, Bordeaux

Dr Sophie Parienté

Source : Bilan spécialistes