LA SURVENUE d’une dermatose de contact autour d’une plaie est un phénomène fréquent, évoluant tantôt sur un mode aigu, avec des lésions initialement localisées puis diffuses, volontiers suintantes, tantôt sur un mode chronique, avec cette fois des lésions plus sèches et une lichénification, dont l’archétype est l’eczéma autour d’un ulcère de jambe.
Plusieurs mécanismes peuvent être en cause, ce qui explique les difficultés rencontrées pour faire un diagnostic précis de ces dermatoses, a rappelé le Dr Christophe Le Coz : eczéma de contact, par mécanisme d’irritation ou immuno-allergique ; délipidation de l’épiderme, ou dermatite de stase. Un travail étiologique mené sur 121 cas d’eczéma péristomial a par exemple permis de conclure à une irritation chez 116 patients, et à une allergie de contact dans seulement 4 % des cas. Ce qui ne doit pas pour autant faire négliger les tests épicutanés pour le diagnostic étiologique.
De nombreuses substances incriminées.
Les allergènes de contact « anciens » sont toujours en cause : myroxylon (baume du Pérou) dans 40 % des cas, dérivés de la lanoline, qui sont des excipients très prisés pour leur caractère hygroscopique. Dans les pansements modernes, d’autres allergènes peuvent être en cause ; dans une série italienne de 116 patients, une sensibilisation a été retrouvée chez 61 % des sujets, avec 5 cas d’allergie de contact aux hydrogels (propylène glycol) ou aux adhésifs (méthacrylates).
D’autres substances peuvent être incriminées, telles que le sesquioléate de sorbitane, ou le colophane, allergène classique des sparadraps également présent dans les pansements modernes. Mais elles ne sont pas toujours indiquées sur les dispositifs, a précisé le Dr Le Coz, qui a insisté sur la difficulté en pratique pour connaître l’ensemble des constituants d’un pansement. Quant aux adjuvants de vulcanisation du caoutchouc entrant dans la constitution des bandes de contention, ils n’entraînent que rarement des allergies de contact grâce au recours aux fines bandes de tulle, permettant d’isoler la peau.
Excipients.
Les médicaments sont aussi des allergènes potentiels. Les dermocorticoïdes sont à l’origine d’allergies de contact et leur responsabilité doit notamment être évoquée en cas d’eczéma périulcéreux qui ne guérit pas. Il en est de même pour les antibiotiques locaux – dont l’utilisation n’est pas recommandée –, ou les antiseptiques. Les solutions iodophores sont irritantes et peuvent entraîner un eczéma de contact, les ammoniums quaternaires sont également très irritants. Parfois, c’est un excipient d’un soluté antiseptique qui est en cause (alkyl-glucoside). Les colles sont elles aussi potentiellement allergisantes (cyanoacrylate), tout comme les savons liquides (isothiazolinones).
Face à une dermatose autour d’une plaie, il faut donc savoir faire appel aux tests allergéniques (batterie de tests standard, produit utilisé par le patient, ou batterie « ulcère ») : 75 % des patients ayant un ulcère chronique sont sensibilisés à au moins une molécule. Et en pratique, il est impossible de prévoir l’allergène. Enfin, l’interprétation des résultats doit se faire avec prudence, a conclu le Dr Le Coz.
D’après la communication du Dr Christophe Le Coz, dermatologue, Strasbourg.
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