Comment les rechercher ?
Les ACAN sont détectés par une technique d’immunofluorescence indirecte (IFI) en utilisant des substrats animaux (foie de rat) ou le plus souvent humains (cellules Hep2, issues d’une lignée tumorale de carcinome laryngé). Le sérum du patient est incubé à diverses dilutions (1/50, 1/100, 1/250…) sur le substrat. Les lames sont ensuite lavées pour éliminer les AC non fixés puis incubées avec des sérums anti-immunoglobulines humaines marqués avec une substance fluorescente pour révéler la fixation des AC. Cette technique permet de préciser le titre et l’aspect de la fluorescence.
Lorsque des ACAN sont détectés, il est nécessaire de rechercher leur spécificité. Il existe des ACAN dirigés contre des antigènes nucléaires insolubles (AC anti-ADN, AC antinucléosomes, AC antihistones) et des ACAN dirigés contre des antigènes nucléaires solubles (dans des tampons salins) présents dans le noyau et parfois dans le cytoplasme.
Les AC dirigés contre les antigènes nucléaires solubles, appelés AC anti-ECT (extractible calf thymus) ou ENA (extractible nuclear antigen) sont identifiés par différents types de techniques : immunodiffusion double en gélose, ELISA, immunodot, cytométrie de flux. Ainsi, sont mis en évidence des AC anti-SSA et SSB, des AC anti-Sm, des AC anti-RNP, des AC anti-Scl70, des AC anticentromères, des AC anti PM-Scl, des AC anti-JO1.
Parmi les AC dirigés contre les antigènes nucléaires insolubles, les AC anti-ADN natif sont mis en évidence par diverses techniques : immunofluorescence indirecte sur crithidia luciliae et test de Farr actuellement peu utilisé au profit des tests ELISA. Ceux-ci sont également utilisés pour chercher les AC anti-nucléosomes et anti-histones.
Quels résultats ?
Les résultats doivent préciser :
- la technique et les réactifs utilisés (par exemple IFI sur cellules HEp2) ;
- le titre des AC antinoyaux (par exemple : 250) ou la dilution du sérum
(1/250e), correspondant à la dernière dilution donnant une fluorescence positive ;
- l’aspect de la fluorescence qui est un élément d’orientation pour la spécificité des AC détectés : homogène pour les AC anti-ADN, anti-histones et anti-nucléosomes, mouchetée pour les AC anti-ENA, nucléolaire pour les AC anti Pm-Scl, des centromères pour les AC anti-centromères, l’association de plusieurs types de fluorescence étant fréquente.
Les autres méthodes de détection permettront l’identification précise de ces différents AC.
Quand et comment ?
Quand demander ces examens et comment les interpréter ?
Diverses manifestations dermatologiques conduisent à faire une recherche d’ACAN, qu’il s’agisse d’un syndrome de Raynaud, d’une éruption du visage évoquant un lupus ou une dermatomyosite, d’une nécrose digitale, d’un purpura vasculaire, d’un syndrome sec. Dans certaines pathologies, ils peuvent avoir un intérêt pronostique.
Pour bien interpréter les résultats, il faut savoir que :
- l’IFI est une technique visuelle, non automatisée, dépendant de la qualité du substrat utilisé, du sérum étudié mais aussi du lecteur… ;
- les techniques de détection des différentes cibles antigéniques des ACAN sont de sensibilité et de spécificité inégales. Il est donc important dans le suivi des patients de toujours effectuer ces examens dans le même laboratoire pour pouvoir comparer les résultats ;
- les ACAN sont des AC peu spécifiques, présents chez 3 à 5 % des sujets normaux, cette prévalence augmentant avec l’âge. Ils peuvent également être présents chez des patients présentant diverses maladies auto-immunes (thyroïdite d’Hashimoto, hépatite chronique auto-immune, myasthénie…) et chez les apparentés du premier degré ;
- de nombreux médicaments peuvent induire l’apparition d’ACAN sans manifestations cliniques associées (tableau HI) ;
- il existe des ACAN, habituellement de façon transitoire, au cours de certaines infections virales (VIH, virus de l’hépatite C, parvovirus B19, EBV…) ainsi que lors de pathologies malignes (hémopathies lymphoplasmocytaires, lymphomes non hodgkiniens…) ;
- la fréquence des ACAN est très diversement appréciée dans beaucoup d’affections dermatologiques. Ainsi, leur présence varie de 2 à 56 % dans les lupus discoïdes, de 5 à 74 % dans les dermatomyosites, de 13 à 96 % dans les sclérodermies…
Relier à la clinique
La détection des ACAN étant un test de faible spécificité, il est important de préciser leurs cibles antigéniques, certains auto AC étant plus spécifiques de telle ou telle maladie, sans en être cependant pathognomoniques (tableau II). Ainsi, les AC anti ADN natif sont hautement spécifiques du lupus érythémateux systémique mais peuvent être observés dans certaines polyarthrites rhumatoïdes et des hépatites chroniques auto-immunes. De même, les AC anticentromères sont les marqueurs le plus souvent présents dans les sclérodermies systémiques limitées mais sont également vus dans le syndrome de Gougerot-Sjögren, la cirrhose biliaire primitive, certains lupus systémiques ou dans la famille du 1er degré des patients atteints de sclérodermie. Par ailleurs, dans la plupart de ces affections, il existe souvent des AC de spécificités différentes, à des taux différents.
La présence d’ACAN doit donc toujours être interprétée en fonction du contexte clinique. Il est en effet important de bien différencier un résultat positif d’un résultat pertinent pour le diagnostic des symptômes observés.
Références
Heffernan MP et al., Antinuclear antibodies in dermatology, Sem Cut Med Surg 2001;20:2-13.
Doutre MS, Anticorps anti-noyaux, Ann Dermatol Vénéréol 2003;388-90.
Gouvestre C, Anticorps anti-noyaux, Presse Med 2006 ;35 :287-95.
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