À L’HEURE ACTUELLE, il n’existe aucune donnée susceptible de remettre en cause l’efficacité des vaccins contre le cancer du col de l’utérus, ni de suggérer un caractère « potentiellement délétère » de ce vaccin dans certaines catégories de la population. Tel est le message délivré à l’automne dernier par le Haut Conseil de la santé publique après une saisine du ministère de la Santé. « Nous avons redit dans ce nouvel avis ce que nous avions déjà dit dans les dix avis rendus sur le sujet depuis 2006 : il convient aujourd’hui de soutenir la politique de vaccination tout en augmentant le nombre de femmes ayant recours au dépistage par frottis cervico-utérin », indique le Pr Christian Perronne, président de la section des maladies transmissibles du Haut Conseil qui a rendu cet avis en octobre 2011.
Au niveau mondial, le cancer du col de l’utérus est au deuxième rang des cancers féminins et au premier rang en termes de mortalité, principalement dans les pays en voie de développement. En France, comme dans la plupart des pays industrialisés, la pratique du dépistage par frottis a permis de diminuer fortement l’incidence et la mortalité de ce cancer. Les projections pour 2011 conduisent cependant à un nombre de cas de 2 810 et à un nombre de décès de 998.
On estime que tous les cancers du col sont liés à une infection persistante par HPV oncogènes. Depuis 2006, les autorités sanitaires françaises prônent une double stratégie pour lutter contre ce cancer : un dépistage par frottis, recommandé tous les trois ans pour les femmes de 25 à 65 ans, et la vaccination. Il existe aujourd’hui deux vaccins sur le marché : Gardasil (Sanofi Pasteur MSD) et Cervarix (GSK). Ces vaccins protègent contre les génotypes HPV 16 et 18, responsables d’environ 70 % des cancers.
En 2011, diverses voix se sont élevées, parmi des médecins ou des responsables politiques, pour remettre en cause le bien-fondé ou l’innocuité de cette vaccination. En juillet, une large médiatisation a accompagné les demandes d’indemnisation de deux jeunes filles estimant être victimes d’effets secondaires du vaccin. C’est dans ce contexte un peu troublé que le ministère de la Santé a de nouveau sollicité, en septembre, l’avis du Haut Conseil, sur l’existence de données nouvelles qui seraient susceptibles de remettre en cause l’utilisation de Gardasil.
Une évaluation indirecte.
« Sur l’efficacité, il est difficile de se prononcer de manière directe. Il existe en effet un délai moyen d’environ 15 ans entre l’infection HPV et la survenue d’un cancer. Mais on sait que l’efficacité des vaccins contre les papillomavirus humains peut être évaluée de manière indirecte par la prévention des lésions cervicales de haut grade », indique le Pr Perronne. « En juin 2011, une équipe australienne a publié les résultats d’une première étude comparant l’incidence des anomalies du col de l’utérus détectées avant et après le début du programme de vaccination HPV lancé en 2007 dans les écoles de l’État de Victoria auprès des jeunes filles de 12-13 ans avec un rattrapage jusqu’à 18 ans en 2007-2008. La couverture vaccinale dans cet état australien est évaluée entre 71 et 79 %. Dans cette étude, on note une diminution significative de l’incidence des lésions précancéreuses de haut grade qui passe de 0,80 à 0,42 % chez les jeunes filles âgées de moins de 18 ans ».
Dans cet avis, le Haut conseil ne se prononce pas sur les cas médiatisés de possibles effets indésirables graves du vaccin incluant des maladies auto-immunes. « Ces cas font actuellement l’objet d’expertises. Mais les données globales que nous avons reçues de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) sont rassurantes. À ce jour, il n’existe pas de signal de pharmacovigilance concernant ces deux vaccins en France. Il en va de même pour les données au niveau international. Les informations recueillies depuis plus de cinq années d’utilisation de Gardasil et trois années pour Cervarix dans le monde permettent de confirmer leur sécurité d’emploi avec un taux de notifications de l’ordre de 2 à 5 cas pour 10 000 doses vaccinales », précise le Pr Perronne, en ajoutant que les effets indésirables majoritairement rapportés présentent un caractère bénin et transitoire.
En conclusion, le Haut Conseil maintient sa recommandation en faveur de la poursuite de la vaccination chez les jeunes filles âgées de 14 ans et en rattrapage jusqu’à l’âge de 23 ans chez les femmes n’ayant pas eu d’activité sexuelle ou l’ayant initiée depuis moins d’un an. « Cette vaccination peut être effectuée indifféremment avec l’un ou l’autre des deux vaccins existants », précise l’avis.
Le Haut Conseil relève aussi le fait qu’un impact significatif de cette vaccination ne peut être espéré que si la couverture vaccinale est suffisante. « On sait que c’est majoritairement les jeunes filles, issues de catégories favorisées et informées, qui bénéficieront à la fois du vaccin et plus tard d’un dépistage régulier. Et il faut vraiment se mobiliser pour que les jeunes filles des catégories défavorisées puissent à la fois accéder au vaccin puis au dépistage », indique le Pr Perronne, en insistant sur la nécessité de diffuser le message que la vaccination est « utile mais ne saurait en aucun cas remplacer le dépistage ».
D’après un entretien avec le Pr Christian Perronne, président de la section des maladies transmissible du Haut Conseil de la santé publique, qui a rendu cet avis en octobre 2011.
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