Alimenté par une campagne médiatique de grande ampleur, le risque suicidaire chez les adolescents induit par l’isotrétinoïne, n’a pas été établi. Pour le Pr Brigitte Dreno, les polémiques sur ce traitement de l’acné s’avèrent injustifiées : « l’isotrétinoïne est le seul médicament qui, dans 60 à 70 % des cas, induit de réelles guérisons. Tous les autres ne sont que des médicaments suspensifs ; le supprimer, c’est revenir 10 ans en arrière ! » Pour mémoire, le mécanisme d’action de l’isotrétinoïne est l’induction d’une apoptose de la glande sébacée : l’hyperséborrhée, facteur majeur dans le développement de l’acné est ainsi contrée.
Face à la polémique médiatique, l’Afssaps a mis en place un groupe de travail composé de psychiatres, de dermatologues, d’épidémiologistes : de leurs conclusions il ressort qu’aucune association entre usage de l’isotrétinoïne et survenue de troubles psychiatriques n’a pu être établie, même si quelques cas isolés et très rares de dépression, non prévisibles, ont pu être imputés à l’isotrétinoïne (1, 2). L’Afssaps a contesté la méthodologie et les résultats d’une étude canadienne évoquant une augmentation des syndromes dépressifs chez les patients sous isotrétinoïne. Elle a également souligné « l’impact positif de l’isotrétinoïne chez les patients souffrant d’acné sévère avec même, sous ce traitement une réduction significative de l’anxiété et de la dépression associée à l’amélioration de l’acné sévère ».
En outre, plusieurs travaux (1, 2) montrent que l’isotrétinoïne n’induit pas plus de syndromes dépressifs ou d’attitudes suicidaires que les autres traitements utilisés dans l’acné. Une étude suédoise a montré également que l’acné sévère représente à elle seule un facteur de risque de tentative de suicide.
Notons aussi que l’adolescence est, de manière générale, une période d’instabilité où les attitudes suicidaires sont relativement fréquentes. D’où l’application d’un principe de précaution chez ces jeunes patients, par l’Afssaps, qui a décidé de mettre en place une méthode de dépistage des sujets présentant des troubles psychologiques avant la mise en route d’un traitement. À cette fin, une échelle d’évaluation des risques est actuellement testée chez des médecins généralistes et des dermatologues.
D’après une communication du Pr Brigitte DRENO (CHU, NANTES) dans le cadre d’une conférence de presse du congrès.
(1) Dreno B et coll. Isotrtinoin and psychiatric side effects: facts and hypothesis. Expert review of dermatology 2008:3 711-720D.
(2) Goodfield MJ et coll. Advice on the safe introduction and continued use of isotretinoin in the UK 2010 Br J Dermatology 2010:162;1172-9.
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