Parmi les 32 groupes thématiques que propose la Société française de dermatologie, le groupe Maladies anogénitales (MAG) est formé par une centaine de médecins dont près de 90 % sont dermatologues, les 10 % restants comprenant des gynécologues, proctologues, urologues et anatomopathologistes.
Traiter le lichen scléreux
Des recommandations européennes pour prise en charge du lichen scléreux viennent d’être publiées dans le Journal of the european academy of dermatology ans venerology (JEADV). Plus rare chez l’homme que chez la femme (avec une prévalence inférieure à 0,1 % chez l’homme, versus 3 % chez la femme), le lichen scléreux doit être évoqué devant une rétraction du prépuce qui empêche le décalottage (phimosis), une modification de la couleur du prépuce qui devient plutôt hypochrome ou blanchâtre et, parfois, des douleurs durant les rapports sexuels.
Bien que rare, la cancérisation d’un lichen scléreux non traité est à envisager devant un épaississement localisé, une érosion persistante ou une tuméfaction susceptible de saigner au cours de la toilette par exemple. « Il s’agit d’une maladie inflammatoire chronique, non contagieuse, de cause inconnue, explique le Dr Jean-Noël Dauendorffer, dermatologue et vénérologue à l’hôpital St-Louis (AP-HP), et past président du MAG. Avec ces nouvelles recommandations, le traitement de première intention reste le même, à savoir, des dermocorticoïdes d’activité forte à très forte pendant un à trois mois. Mais c’est ensuite que les recommandations ont évolué : en cas d’échec, la chirurgie (posthectomie), n’est plus indiquée qu’en troisième ligne, puisque c’est désormais le tacrolimus topique (immunosuppresseur) qui est recommandé en seconde intention, pendant trois mois, hors AMM (donc non remboursé). Ce traitement, déjà indiqué pour les eczémas qui résistent à la cortisone, est réservé à la prescription des dermatologues. »
Prévenir le HPV et les IST
Par ailleurs, la vaccination contre les papillomavirus reste très sous-utilisée chez les garçons : pour mémoire, elle est recommandée chez les garçons de 11 à 19 ans, avec un rattrapage possible jusqu’à 26 ans pour les HSH. De plus, les préservatifs sont en accès libre en pharmacie chez les jeunes hommes jusqu’à 26 ans. Au-delà, ils peuvent être remboursés sur prescription médicale.
Enfin, il y a eu récemment une extension des maladies sexuellement transmissibles qui peuvent être dépistées au laboratoire d’analyses (n’importe lequel), gratuitement, sans ordonnance, jusqu’à l’âge de 26 ans : « outre le VIH, il y a désormais une extension pour les infections à Chlamydia, à gonocoque et pour la syphilis et l’hépatite B. L’information doit passer, car les principaux concernés ne le savent pas forcément », souligne le Dr Dauendorffer. De nouvelles recommandations concernant leur prise en charge devraient être publiées par la Haute Autorité de la Santé dans les prochaines semaines.
Une mycose émergente
Depuis quelques mois, plusieurs cas d’une infection sexuellement transmissible émergente à Trichophyton ont été décrits à Paris. Ce champignon était jusqu’ici uniquement connu pour provoquer des mycoses classiques de la peau ou des ongles. « Cette infection a plutôt été décrite chez des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH), avec des partenaires multiples, mais sans déficit immunitaire connu. On ne comprend donc pas pourquoi cette infection due à un champignon classique est à l’origine de ce cluster », indique le Dr Dauendorffer.
Les lésions dues à ce champignon se situent au niveau anogénital (pénis, périnée, pli interfessier, fesses), voire péribuccal, et prennent la forme de plaques érythémato-squameuses parfois pustuleuses, extensives, très prurigineuses. « Il faut avoir ce diagnostic différentiel à l’esprit car un tel tableau clinique peut aussi faire évoquer un eczéma, or la prescription de dermocorticoïdes dans ce cas précis risque de faire flamber l’infection à Trichophyton, prévient le Dr Dauendorffer. Chez un HSH qui a des partenaires multiples et présente ce type de lésions, il est donc important de faire un prélèvement mycologique pour identifier le champignon responsable. » Il sera alors traité par terbinafine pendant quatre semaines (à raison d’un comprimé par jour).
Entretien avec le Dr Jean-Noël Dauendorffer (Paris), past président du groupe maladies anogénitales (MAG) de la Société française de dermatologie
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