Trois quarts des greffons d'îlots de Langherans sont fonctionnels à 10 ans avec un meilleur contrôle glycémique sans hypoglycémies sévères. C'est le résultat du suivi à 10 ans d'une cohorte de 28 patients greffés au CHU de Lille depuis 2003.
L'équipe des Prs François Pattou, chirurgien digestif, et Marie-Christine Vantyghem, endocrinologue, est ainsi l'une des premières à montrer, dans « Diabetes Care », que les bénéfices de ce type de greffe persistent à long terme.
Dans cette étude prospective où le critère principal était l'insulinodépendance avec une HbA1c ≤ 6,5 %, un quart des patients n'avaient plus besoin du tout d'insuline. La moitié des patients présentaient un taux d'HbA1c < 7 %. Alors que 50 % des participants avaient eu une greffe rénale, l'autre non, l'évolution était la même dans les deux groupes.
Les complications du DT1 sous contrôle
« Avec le temps, les patients greffés d'îlots ont de nouveau besoin d'un peu d'insuline mais il n'y a palus d'hypoglycémies sévères, a expliqué le Pr Pattou lors d'une conférence de presse Inserm. Le temps global passé en hypoglycémie baisse franchement et significativement. De plus, en restaurant l'insulinosécrétion, la maladie est mise entre parenthèses. Les complications arrêtent de progresser, par exemple la rétinopathie ; voire régressent, comme c'est le cas pour la neuropathie. Il y a peu de complications cardiovasculaires, surtout dans les 5 premières années ».
La greffe consiste en une à trois injections consécutives d'îlots avec un intervalle de 3 mois. Chaque injection correspond à un donneur, et un donneur ne peut donner lieu qu'à une seule injection.
Un bilan rassurant d'immunosuppression
Concernant l'immunosuppression, le bilan est « très rassurant au prix d'une surveillance étroite tous les trois mois, rapporte le Pr Vantyghem. La toxicité rénale en particulier peut être limitée. Les cancers cutanés sont dépistés systématiquement, quatre cas ont été observés dans la cohorte. Un cas de lymphome est survenu chez un patient greffé rénal ».
Environ 200 greffes ont été réalisées au total en France depuis les débuts. Aujourd'hui, il existe sur le territoire quatre laboratoires d'isolement (Lille, Grenoble, Montpellier, Paris Saint-Louis) pour neuf équipes de greffes (Besançon, Grenoble, Lille, Montpellier, Nancy, Paris Saint-Louis, Strasbourg, Suresnes Foch). En 2018, il y a eu 29 injections d'îlots chez 12 malades. Les démarches pour le remboursement de la greffe d’îlots sont engagées auprès de la Haute Autorité de santé. La réponse est attendue pour 2020.
MC Vantyghem et al., Diabetes Care Nov; 42(11): 2042-2049. https://doi.org/10.2337/dc19-040, 2019
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?