Risque de cancer du pancréas

Le diabète un facteur de risque

Publié le 16/11/2015
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Les inhibiteurs de DPP4 et les analogues du récepteur du GLP1 ont été suspectés de favoriser la survenue de cancer du pancréas mais cette question reste encore très débattue. Les derniers essais prospectifs randomisés de grande envergure n’ont pas retrouvé d’augmentation du risque de cancer du pancréas avec ces agents mais le suivi moyen ne dépassait pas 4 ans et nous avons besoin de données en vie réelle.

Les auteurs de ce travail ont réalisé une étude cas-témoin au Danemark à partir des registres de la population nationale danoise (1). Un total de 6 036 cas de cancer du pancréas a été comparé à 60 360 témoins appariés pour le sexe, l’âge et le lieu de résidence. Les principaux facteurs de risque connus pour le cancer du pancréas ont été pris en compte dans l’analyse multifactorielle.

La prescription d’au moins un IDPP4 ou agoniste du récepteur du GLP1 était associée à un risque plus important de survenue d’un cancer du pancréas (122 cas ou 2,0 % versus 400 ou 0,7 % pour les témoins). D’une manière générale, la prescription d’un médicament antidiabétique était plus fréquemment retrouvée chez les cas de cancer du pancréas (20,8 %) que chez les témoins (8,6 %).

Les patients avec un cancer du pancréas avaient plus souvent que les témoins un antécédent de pancréatite chronique (3,6 % versus 0,3 %), de lithiase biliaire (10,7 % versus 5,3 %), d’obésité (4,0 % versus 2,9 %), d’alcoolisme (6,5 % versus 3,9 %) ou de pathologies chroniques pulmonaires. En comparaison aux patients qui n’avaient reçu aucun médicament antidiabétique, le risque ajusté de cancer du pancréas était significativement augmenté pour les utilisateurs d’IDPP4 (OR = 3,87 ; IC95 [3,06 – 4,89]) ou d’analogues du récepteur du GLP1 (OR = 2,70 ; IC95 [1,82 – 4,00]). Mais le risque de cancer du pancréas était également augmenté pour les utilisateurs de metformine (OR = 2,65 ; IC95 [2,44 – 2,88]), de sulfamides (OR = 2,65 ; IC95 [2,41 – 2,91]) ou d’insuline (OR = 3,61 ; IC95 [3,24 – 4,03]). Le risque était le plus élevé pour les nouveaux utilisateurs de chaque type d’antidiabétique, y compris l’insuline et chez ceux ayant reçu moins de 3 prescriptions avant la découverte du cancer, ce qui suggère plutôt une causalité inverse (le cancer du pancréas provoque une hyperglycémie qui nécessite alors un traitement pharmacologique).

CHU Rennes

(1) EASD 2015. R Thomsen et al

Pr Fabrice Bonnet

Source : Congrès spécialiste