En France, 25 % des patients diabétiques ont plus de 75 ans. Leur fréquente fragilité les expose, face à un traitement trop intensif du diabète, à des événements indésirables divers : des hypoglycémies mais aussi d’autres iatrogénies.
Cette étude rétrospective de cohorte menée en Ontario (Canada) sur une population d’adultes âgés visait à mesurer la prévalence d’un contrôle glycémique intensif et ses conséquences sur la survenue d’événements graves (1).
Les sujets, âgés de 75 ans et plus entre 2014 et 2015, présentaient un diabète traité avec au moins un agent antihyperglycémiant, et classées selon leur contrôle glycémique : intensif (HbA1c < 7 %) ou raisonnable (7,1 à 8,5 %) ; et selon que leur traitement comportait, ou non, un risque hypoglycémique (insuline ou sulfonylurées). Les critères retenus pour l’analyse étaient les consultations aux urgences, les hospitalisations ou les décès dans les 30 jours suivant la constatation d’un contrôle glycémique intensif avec des agents à risque hypoglycémique.
Ont été enrôlés 108 620 participants d’âge moyen 80,6 ± 4,5 ans, pour moitié des femmes, avec une ancienneté du diabète de 13,7 ± 6,3 ans. 61 % de ces patients ont été classés un contrôle intensif avec, pour 21,6 % d’entre eux, un agent à risque hypoglycémique.
Après pondération, le contrôle intensif avec des agents à haut risque était associé à une augmentation de près de 50 % du critère composite de jugement, vs contrôle glycémique raisonnable sous agents à faible risque hypoglycémique. Cette étude illustre donc la fréquence des traitements trop intensifs chez les personnes âgées ; elle souligne que la prescription de sulfonylurées devrait être évitée chez ces personnes.
On peut souligner que l’étude française Gerodiab (Bauduceau, Doucet), avait conclu dans le même sens. Cela avait contribué à la prise de position de la Société francophone du diabète (SFD), qui vient d’être actualisée. Nous disposons aujourd’hui de nouveaux antidiabétiques oraux, voire injectables, qui doivent être préférés à ces âges lorsque des objectifs glycémiques stricts sont légitimement justifiés. Et, justement, ces objectifs doivent être adaptés à la situation clinique des diabétiques âgés, avec une borne basse à ne pas franchir. Cela est particulièrement vrai pour les seniors relevant d’une insulinothérapie, qui doivent être d’autant plus encadrés.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Lega IC, Campitelli MA, Austin PC, et al. Potential diabetes overtreatment and risk of adverse events among older adults in Ontario: a population-based study. Diabetologia. 2021 May;64(5):1093-1102. doi: 10.1007/s00125-020-05370-7
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