QUEL DEVENIR pour les diabétiques de type 1 (DT1) ? L’étude JUBILE centrée sur les DT1 de plus de 40 et 50 ans de diabète lance un ballon d’espoir. Les diabétiques de la cohorte JUBILE, même s’ils ne sont pas représentatifs, sont en effet en relativement bonne santé clinique et biologique. Et ils ont une vie sociale, professionnelle et familiale, tout à fait épanouie. « Preuve, s’il en est, qu’être diabétique de type 1 même très jeune et très longtemps est compatible avec une vie différente mais pleine, entière, heureuse. Un constat très encourageant pour les patients, leurs proches et… les équipes médicales qui les prennent en charge », commente le Pr Jean-Jacques Altman (Paris).
JUBILE : des vétérans diabétiques 1 en forme.
Lancée fin 2010, auprès de 98 centres dans 21 régions françaises, JUBILE a recruté 800 patients. Pour chacun, un questionnaire patient de 62 items et un questionnaire médecin de 21 items devaient être remplis. Et l’analyse des 570 premiers questionnaires – sur 776 au total utilisables – présentée à la SFD est rassurante. Chez ces sujets, de 63 ans d’âge moyen, diabétiques depuis 48 ± 7 ans, les complications cardiovasculaires sont relativement limitées. Sur le plan microvasculaire, on a 24 % d’atteintes rénales (micro/macro-albuminurie), 70 % de rétinopathies non prolifératives modérées à sévères et 11 % d’acuités visuelles basses (inférieure à 3/10). Du point de vue macrovasculaire, 20 % ont un antécédent coronaire – angor, infarctus, stent ou pontage – et 6 % ont eu un accident cardiovasculaire cérébral. Résultat, plus de 80 % sont autonomes. Et ils sont nombreux à conduire, faire du sport, partir en voyage…
D’ailleurs, parmi eux, 72 % sont en couple. Le nombre moyen d’enfants est de 1,6. Une moyenne très proche de la moyenne INSEE (2). Et on ne note pas de différence en nombre moyen d’enfants entre les femmes et les hommes. Enfin, malgré un âge moyen de 61 ans, 60 % sont toujours en activité. L’âge moyen de la retraite est d’ailleurs comparable à la moyenne INSEE.
« Ces données sont très encourageantes. À la réserve près que l’enquête n’ait pas la prétention d’être représentative. Il s’agit d’une cohorte sélectionnée par l’environnement, le statut socioculturel et psychologique, le métabolisme, les gènes et… l’énergie des investigateurs », note le Pr Altman. La nette surreprésentation des professions intellectuelles supérieures et des cadres – 38 % des sujets de JUBILE versus 16 % en moyenne INSEE – en témoigne… « Néanmoins, même sans être représentatifs, ces vétérans diabétiques nous apportent un message très positif. Et des déclinaisons de JUBILE vont être lancées dans plusieurs pays francophones. »
GERODIAB : statut cognitif et mortalité précoce des diabétiques de plus de 70 ans.
Les résultats préliminaires à 2 ans de l’observatoire GERODIAB mettent en évidence l’impact du statut cognitif sur la mortalité précoce des DT2 âgés de plus de 70 ans. L’analyse intermédiaire à 2 ans de cette étude observationnelle planifiée pour un suivi de 5 ans visait à s’assurer qu’aucun facteur modifiable, type HbA1c, n’impactait précocement et significativement la mortalité. Ce qui aurait imposé d’interrompre le suivi. Ce n’est effectivement pas le cas. Toutefois, malgré une mortalité plus faible qu’attendue, le statut cognitif initial s’avère être un prédicteur important de décès dans cette population gériatrique autonome de DT2. « Le statut cognitif (MMSE) est un facteur prédictif important de la mortalité précoce. On aurait donc sûrement intérêt à l’évaluer plus systématiquement et plus tôt », conclut le Pr Jean-Pierre Le Floch (Montpellier).
Les sujets recrutés dans GERODIAB ont en moyenne 77 ans. Ils sont autonomes (critère d’inclusion) et vivent quasiment tous chez eux. Ce sont toutefois des patients âgés compliqués. Plus d’un tiers a une insuffisance rénale, 31 % sont coronariens, 26 % artériopathes, 10 % insuffisants cardiaques, 16 % ont eu un AVC… La mortalité à 2 ans est néanmoins relativement basse. On est à 5,7 % à 2 ans (2 % la première année, 3,7 % la seconde année) contre 4 à 6 % par an attendus. Et les causes de décès sont multiples. D’ailleurs, aucun facteur de risque modifiable classique n’impacte significativement la mortalité. Deux facteurs de risque bien connus, à savoir le sexe (mortalité : 4,2 % pour les femmes versus 7,3 % pour les hommes) et l’insuffisance cardiaque (RR = 3) pèsent sur le risque de décès. Mais, surtout, « la mortalité à 2 ans est fortement liée au statut cognitif. On est à 4,2 % de décès en absence d’altération cognitive, contre 8,6 % chez les patients chez ceux présentant un mini-mental state (MMSE) inférieur ou égal à 24 (p < 0,001) », souligne J-P Le Floch. « Or ces troubles cognitifs sont souvent méconnus des médecins traitants. Pour preuve, les médecins avaient déclaré à l’inclusion 11 % de troubles cognitifs et 3 % de démences, quand, dans l’évaluation initiale, 25 % des patients présentaient déjà des troubles cognitifs objectifs (MMSE ≤ 25) », commente le Pr Bernard Bauduceau (Paris) coordinateur de l’observatoire.
D’après les présentations du Pr J-J. Altman - Étude JUBILE : méthodologie et premiers résultats- B. Bauduceau - Les complications du diabète et l’évaluation gériatrique dans l’étude Gérodiab - et J-P. Le Floch - L’étude Gérodiab : premières données évolutives après 2 ans de suivi.
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