L’étude Capture a inclus près de 10 000 patients diabètes de type 2 (DT2), issus de 13 pays et des 5 continents, afin de connaître et de comparer la prévalence des maladies cardiovasculaires chez ces patients. « Ce qui fait la triple originalité de cette étude est de représenter un instantané en 2019 (soit, la période qui a suivi les nouvelles recommandations de prise en charge du diabète de type 2 en France et dans le monde), mais aussi d’avoir inclus des pays qui le sont rarement dans ce type d’études, comme la République tchèque, l’Argentine ou l’Arabie saoudite, et, enfin, d’avoir utilisé une méthodologie comparable dans tous les pays », souligne le Pr Patrice Darmon, endocrinologue-diabétologue au CHU La Conception à Marseille et responsable de la partie française de l’étude Capture, sponsorisée par Novo Nordisk.
Plus d’un tiers des patients DT2 concernés par une pathologie cardiaque
Plus de 650 patients Français ont été inclus, les données étant récoltées à l’occasion d’une consultation de routine : pour plus de la moitié, il s’agissait d’une consultation de médecine générale. « Nous avons retrouvé des résultats similaires en France, en termes de prévalence des maladies cardiovasculaires, à ceux des autres pays, avec 34,2 % patients présentant une maladie cardiovasculaire avérée (vs 34,8 %) », complète le diabétologue.
Néanmoins, une petite différence a été relevée concernant le type de pathologie cardiovasculaire : alors qu’il s’agit d’une maladie athéromateuse dans plus de 90 % des cas à l’étranger, en France, ce taux est de 80 %. Il a ainsi été retrouvé un peu plus de troubles du rythme, d’insuffisance cardiaque ou de maladie aortique, dans notre pays.
« Autre point de différence : à l’échelle internationale, le pourcentage de patients avec un DT2 porteurs d’une maladie cardiovasculaire est identique chez le médecin généraliste et chez le diabétologue, alors que, dans notre pays, il est de 25,2 % en médecine générale vs. 43,3 % en diabétologie. Cela montre simplement que les patients suivis par un diabétologue en France représentent souvent les cas les plus graves, avec un diabète évoluant depuis plus longtemps et donc, davantage de maladies cardiovasculaires », explique le Pr Darmon.
Le recours aux anti-hyperglycémiants cardioprotecteurs reste insuffisant
Parmi les traitements du diabète, certains ont démontré un bénéfice cardiovasculaire propre. Il s’agit des agonistes des récepteurs du GLP-1 (arGLP1) et des inhibiteurs du SGLT2 (iSGLT2), qui ont fait l’objet de recommandations spécifiques des sociétés savantes en 2017. En 2019, il devenait donc intéressant de savoir si ces recommandations étaient bien suivies et si les patients avec une maladie cardiovasculaire recevaient plus souvent ces traitements. « Il est ressorti de l’étude que, dans le monde en 2019, environ 16 % des patients reçoivent un iSGLT2 et 10 % un arGLP1. Mais ce qui est étonnant, c’est que ces pourcentages sont similaires, que les patients aient, ou non, déjà présenté une maladie cardiovasculaire. On trouve donc autant de patients recevant ces traitements, que ce soit en prévention secondaire ou en prévention primaire, ce qui est loin des recommandations », note le Pr Darmon.
L’étude Capture montre que les recommandations sur l’utilisation des anti-hyperglycémiants cardioprotecteurs sont loin d’être bien suivies en pratique. L’utilisation d’autres traitements cardioprotecteurs plus classiques (antiagrégants plaquettaires, statines, etc.) est également loin d’être optimale chez les patients en prévention cardiovasculaire secondaire.
En France, à l’époque de l’étude, il n’y avait pas d’iSGLT2 sur le marché. Un quart des patients de la cohorte française était traité par un arGLP1 : 28,6 % en prévention secondaire vs 22,6 % en prévention primaire. Les patients suivis par les généralistes étaient traités par arGLP1 dans 8,6 % des cas, vs 41,9 % pour ceux suivis par les diabétologues.
Il serait intéressant de refaire cette étude dans un futur proche pour voir si les prescriptions ont évolué avec l’arrivée des iSGLT2 (également néphroprotecteurs), d’autant que ceux-ci figurent en bonne place dans la prise de position de la Société francophone du diabète (SFD) de 2019 et de 2021 (à paraître). « Malheureusement, on attend toujours des recommandations réactualisées de la Haute Autorité de Santé précisant la place des anti-hyperglycémiants cardioprotecteurs dans la prise en charge du diabète de type 2. On sait que les généralistes sont attachés à ces recommandations institutionnelles », conclut le Pr Darmon.
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