EN DIX ANS, HUMIRA a accumulé les chiffres chocs : dix indications dans trois domaines thérapeutiques, plus de 23 000 patients inclus dans 71 études cliniques, plus de 500 000 patients-années, plus de 16 ans de recul depuis les premières études dans la polyarthrite rhumatoïde… Mais ces chiffres traduisent moins bien que les témoignages d’experts et de patients l’importance de l’apport de cette molécule qui a marqué l’arrivée des anti-TNF dans l’arsenal thérapeutique.
La rhumatologie d’abord.
La polyarthrite rhumatoïde a été la première indication d’Humira et comme l’a rappelé le Pr Alain Cantagrel (Toulouse), l’arrivée du produit a représenté une véritable révolution dans la prise en charge des patients, ce que confirment les témoignages de ces derniers. Une action très rapide (on se donne 3-4 mois pour juger l’efficacité d’un anti-TNF) sur les signes cliniques (douleurs articulaires, raideur matinale…) et sur la qualité de vie des patients. Une protection efficace du cartilage, ce qui justifie une utilisation précoce du produit (le Pr Cantagrel précisera qu’il ne s’agit pas de remettre en cause le bon usage du médicament qui prévoit d’essayer d’abord les traitements conventionnels, en particulier le méthotrexate mais de prôner une escalade thérapeutique rapide).
Avec dix ans de recul, on constate que les bénéfices initiaux persistent et que la tolérance reste bonne, avec peu d’arrêts de traitements pour effets indésirables, en particulier pour infections sévères, tuberculoses et néoplasies diverses. Un bilan satisfaisant même si la vigilance reste de mise.
D’autres indications rhumatologiques ont suivi, avec les mêmes succès : rhumatisme psoriasique, spondylarthrite ankylosante, spondylarthrite axiale sans signes radiographiques, arthrite juvénile idiopathique polyarticulaire.
Les MICI
Le Pr Laurent Peyrin-Riboulet (Nantes) reconnaît que l’utilisation d’Humira dans le traitement des MICI (maladie de Crohn et RCH) a largement bénéficié de l’expérience acquise en rhumatologie.
Il rappelle surtout la fréquence sous-estimée des MICI (plus de 150 000 cas en France) et la gravité de ces maladies, les traitements conventionnels donnant des résultats très insuffisants. Ainsi dans la maladie de Crohn un patient sur deux a dû être opéré 10 ans après le diagnostic et la récidive est quasi-systématique en postopératoire.
Là encore l’apport d’Humira a été très significatif sur les symptômes, la qualité de vie mais aussi sur le cours de la maladie ce qui plaide pour une escalade thérapeutique rapide. Le Pr Peyrin-Riboulet reconnaissait qu’on n’a pas encore résolu le problème de l’individualisation des bons répondeurs à Humira.
Enfin, le Pr Peyrin-Riboulet insiste sur le fait que les bénéfices des anti-TNF sont tout aussi importants dans la RCH, même s’ils sont encore moins reconnus : « la colectomie ne résout pas tout, en particulier pour la qualité de vie (encore 5 à 10 selles par jour !). Surtout, il faut regarder au-delà des symptômes et prendre en compte le processus de cicatrisation, conclut-il ».
Le psoriasis
Le psoriasis touche 2 à 3 % de la population, souligne le Dr Marc Perrussel (Limeil-Brevannes) et cette pathologie est facteur d’exclusion sociale et de dépression. La moitié des cas surviennent chez des sujets de moins de 40 ans.
Non sans humour, le Dr Perrussel rappelle les limites des traitements conventionnels, très contraignants et/ou donnant des résultats insuffisants. Si, là encore, il ne s’agit pas de remettre en cause l’escalade thérapeutique stipulée par l’AMM, cette escalade mérite d’être rapide surtout dans les formes sévères. En effet, Humira améliore de 90 % le score clinique PASI, n’impose pas d’immobilisation et multiplie par 4 le score de qualité de vie. Dans tous les cas, le bilan d’Humira est positif qu’il s’agisse du contrôle de la symptomatologie et du cours de la maladie, de l’amélioration de la qualité de vie et de la tolérance à long terme.
(1)Conférence de presse organisée par le laboratoire Abbvie
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