« Il y a une prise de conscience de l’importance de la surveillance du foie des patients atteints de stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD), mais au-delà de cela, on n’a pas encore déterminé quelle est la meilleure des stratégies. » C’est en partant de ce constat que le Dr Cyrielle Caussy, endocrinologue diabétologue et nutritionniste au Centre Hospitalier Lyon-Sud, a entrepris avec des collègues américains du centre de recherche sur la NAFLD de l’université de Californie à San Diego, de travailler à la mise au point de test fécale de dépistage de la cirrhose, basé sur l’analyse du microbiote. Leurs résultats ont été publiés dans « Nature Communications ».
« Une littérature émergente montre une modification significative du microbiote en fonction du stade de fibrose, explique au « Quotidien » le Dr Caussy. Il semble y avoir un appauvrissement de la diversité bactérienne chez les patients cirrhotiques, même si la relation causale n’est pas bien claire ».
Dans « Nature Communications », la NAFLD était confirmée par biopsie hépatique et/ou critère d’imagerie (avec une élasticité hépatique mesurée par IRM supérieure à 3,63 kPa). Les auteurs ont travaillé à partir de 2 cohortes : une cohorte initiale, et une de validation. La cohorte initiale visait à identifier les particularités du microbiote des patients ayant une cirrhose métabolique, tandis que la cohorte validation, éprouvait la fiabilité d’un test de dépistage mis au point à partir des données de la cohorte initiale.
La cohorte initiale comprenait 98 patients dont 26 ayant une NAFLD et une cirrhose confirmée par une biopsie, 37 ayant une NAFLD sans cirrhose, et 54 patients contrôles sans BAFLD. Les chercheurs ont identifié 27 types bactériens caractéristiques des patients cirrhotiques, qui n’étaient retrouvés ni chez les patients contrôles ni chez ceux ayant une NAFLD mais pas de cirrhose.
Un test validé chez les proches
Sur la base de ces 27 types bactériens caractéristiques, les chercheurs ont développé un test de dépistage de la cirrhose métabolique. Pour démontrer son efficacité, il fallait le tester sur une population à un risque de cirrhose métabolique. Ils ont donc constitué une cohorte de 105 enfants, frères ou parents, résidant dans le même foyer que les participants de la cohorte initiale. En effet, des études génomiques ont démontré que 10 à 30 % des NAFLD sont d’origine familiale, les proches de la cohorte initiale présentent donc un risque de développer une cirrhose métabolique indépendant d’autres facteurs de risque.
Le test a donc été réalisé chez les 105 proches. S’il était positif, des examens complémentaires étaient réalisés pour confirmer ou infirmer le résultat. La valeur prédictive négative du test s’est révélée être de 91,6 %, et sa valeur prédictive positive de 62,5 %.
À terme, ce test de dépistage pourrait s’inscrire dans le cadre d’un score composite, où figureraient notamment les antécédents familiaux : « On a observé que les performances du test sont bonnes quand on y ajoute quelques données cliniques simples comme l’IMC et l’âge », complète le Dr Caussy, qui estime qu’un test de dépistage fécal de la cirrhose servirait surtout à détecter, au sein des populations à risque, les patients à qui proposer des examens complémentaires.
Le Dr Caussy reconnaît les limites de son travail. « Nous n’avions pas de relevés nutritionnels de qualité et nous ne savons pas si ces résultats sont extrapolables à toutes les populations, concède-t-elle. Il y a une majorité d’hispaniques dans notre cohorte qui présentent des prédispositions à la NAFLD que nous ne connaissons pas très bien. » D’autres travaux sont prévus : « nous allons essayer de valider ce test en France sur une autre population à risque, celle des diabétiques de type 2. Le protocole est prêt, il ne nous reste plus que le financement à trouver », conclut-elle.
C Caussy et al, Nature Communications, DOI: 10.1038/s41467-019-09455-9, 2019
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