Environ 25 % des patients atteints d’infections digestives à Clostridium difficile (ICD) sont exposés à une récidive à la suite du premier épisode.
Utilisés dans la prise en charge de ces infections, les antibiotiques exercent aussi une action délétère sur le microbiote intestinal. « Une partie des récidives peut d’ailleurs s’expliquer par ces traitements qui maintiennent la dysbiose intestinale », indique le Dr Frédéric Barbut, responsable du laboratoire C. difficile associé au CNR Anaérobies à l’hôpital Saint-Antoine (Paris). « L’idée de la transplantation de microbiote fécal (TMF) est d’interrompre le cycle vicieux en remplaçant la flore du patient par une flore de donneur sain, permettant ainsi de restaurer la diversité microbienne et d’éviter la multiplication de Clostridium difficile », explique-t-il. Publié en 2013, dans le « New England Journal of Medicine » (« NEJM »), le premier essai clinique randomisé évaluant l’efficacité de la TMF a mis en évidence un taux de guérison de 81,3 % après la première transplantation et de 93,8 % à la suite de plusieurs transplantations. Un succès bien supérieur à celui de la prise en charge des ICD récidivantes par vancomycine (30,8 %). Confortée depuis par d’autres essais, cette publication du « NEJM » a largement contribué au développement de la TMF.
Difficultés d’accès
À l’occasion de son premier colloque récemment organisé à l’Hôpital Cochin (Paris), le GFTF a dévoilé les résultats préliminaires d’une enquête menée auprès de vingt centres hospitaliers français, laquelle confirme un taux de réussite de 90 % de la TMF dans l’ICD (87,9 % à 8 semaines après une TMF et de 94,7 % après plusieurs TMF) sur un total de 133 patients. En premier épisode, 73 % des patients ont reçu du metronidazole. La durée de l’antibiothérapie avant TMF était en moyenne de 29 jours, avec des extrêmes compris entre 3 et 150 jours. « C’est long et peut-être un reflet des difficultés d’accès à la transplantation », commente le Dr Tatiana Galpérine, PH au service maladies infectieuses du CHRU de Lille.
Effets à long terme
L’enquête met en évidence une certaine hétérogénéité des modalités de réalisation de la TMF. Au niveau de la préparation colique, 69,2 % proviennent de selles sèches et 30,8 % de selles congelées, avec des techniques de décongélation variées. L’essentiel de l’administration de ces préparations se fait par voie haute à l’aide d’une sonde naso-duodénale (51,88 %), loin devant les lavements (33,83 %) et la coloscopie (12,78 %). « Si les protocoles diffèrent selon les établissements de santé, le GFTF tend à harmoniser les procédures », relève le Dr Barbut qui insiste surtout sur la nécessité d’explorer les effets indésirables de la TMF sur le long terme, grâce notamment au registre national des donneurs et receveurs.
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