BIENTÔT une évaluation du stress post-traumatique dans les cabinets de gastro-entérologie ? Si l’on en croit une étude suisse, ce serait souhaitable en tout cas pour la maladie de Crohn. Alors qu’il existe un cercle vicieux entre maladie de Crohn et stress post-traumatique, l’affection gastro-intestinale entraînant des troubles psychiques et ceux-ci majorant à leur tour les exacerbations de la maladie, une psychothérapie de soutien de type « copying » permettrait au patient d’aller mieux dans sa tête et sans doute dans son corps par ricochet.
L’équipe du Pr Roland von Känel (Berne) a montré que les symptômes de la maladie inflammatoire entraînent souvent un stress post-traumatique. Sur les 597 patients inclus de façon consécutive dans 6 centres suisses, moins de 10 % étaient indemnes de toute manifestation de stress post-traumatique. À titre de comparaison, ce pourcentage est de l’ordre de 87 % dans la population générale suisse. Près d’un cinquième de la cohorte présentait un authentique stress post-traumatique, pour un syndrome avéré défini par un score ≥15 sur l’échelle Post Traumatic Diagnostic Scale (0 à 51 points). Cet autoquestionnaire comportant 17 items était disponible en français et en allemand.
Un score ≥15 points quadruple le risque.
De plus, selon les chercheurs, un score ≥15 points quadruple le risque d’exacerbations par rapport à quelques symptômes non systématisés (score < 15). L’existence d’un syndrome avéré multiplierait même d’un facteur 13 le risque d’exacerbations par rapport à l’absence de stress (score nul). À savoir que 88 patients (19,1 %) ont eu un score ≥15 points, 372 (80,9 %) un score < 15 points et 45 (9,8 %) un score nul.
Dans le stress post-traumatique, les patients revivent l’événement traumatisant en rêves ou en pensées, évitent tout ce qui peut le rappeler et deviennent hypersensibles (irritabilité et troubles du sommeil). Il s’agit le plus souvent de violence, d’accidents et de catastrophes naturelles, mais certaines affections médicales graves sont connues pour entraîner un stress post-traumatique, par exemple les cancers ou l’infection VIH. Le phénomène n’est donc pas surprenant dans la maladie de Crohn, compte-tenu des symptômes handicapants, sinon humiliants en société. Les auteurs suggèrent aux gastro-entérologues d’évaluer dans quelle mesure la maladie envahit le psychisme de leurs patients. Quelques questions simples sont très indicatives, par exemple demander s’ils y pensent ou en rêvent souvent, s’ils se sentent irritables, ou encore s’ils ont du mal à dormir. Une psychothérapie pourrait alors se révéler profitable à la fois pour leur santé psychique et physique.
Frontline Gastroenterology (2010). doi:10.1136/fg.2010.002733.
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