L’étiologie de la maladie de Crohn, une affection inflammatoire chronique de l’intestin, reste inconnue. Cependant, les études mettent en cause une susceptibilité génétique, des facteurs environnementaux, et des altérations du microbiote intestinal (communément appelé flore intestinale) qui entraînent une réponse immunitaire muqueuse inappropriée.
En conduisant une large étude, des chercheurs ont maintenant réussi à caractériser les altérations du microbiote intestinal (dysbiose) associées à la survenue de la maladie de Crohn. Ils ont analysé les biopsies intestinales recueillies dans une étude multicentrique (RISK) portant sur 447 enfants nouvellement diagnostiqués avec une maladie de Crohn et 221 témoins souffrant de troubles intestinaux non inflammatoires.
Corrélé à la sévérité des symptômes
Ils ont aussi analysé les biopsies de deux autres cohortes (pédiatriques et adultes) affectées de maladie de Crohn débutante ou établie, soit au total 1 742 échantillons.
Leurs résultats identifient dans la maladie de Crohn débutante une abondance accrue de certaines familles bactériennes : entérobactéries, Pasteurella, Veillonellaceae, et Fusobacteriaceae. Certaines sont déjà connues pour être associées à l’inflammation et l’exacerber. Ils constatent également un appauvrissement d’autres familles bactériennes (dont les Erysipelotrichales, les Bacteroidales, et les Clostridiales).
Ce déséquilibre de la flore intestinale est accentué avec la sévérité des symptômes ou l’activité inflammatoire de la maladie.
Diagnostic précoce
Lorsque les chercheurs ont analysé l’effet des antibiotiques, parfois prescrits pour traiter les symptômes de la maladie de Crohn avant son diagnostic, il est apparu que l’antibiothérapie amplifiait la dysbiose microbienne associée à la maladie de Crohn.
« Le déséquilibre microbien était encore plus prononcé, ce qui suggère que l’usage des antibiotiques pourrait en fait aggraver les symptômes plutôt que les soulager », explique au Quotidien le Dr Ramnik Xavier (Harvard Medical School, Boston) qui a supervisé cette étude publiée dans la revue Cell Host & Microbe.
Une autre découverte ouvre la possibilité d’une méthode diagnostique peu invasive.Tandis que les échantillons de selles recueillis au début de la maladie de Crohn ne reflétaient pas la dysbiose caractéristique, le microbiote analysé dans les biopsies rectales offrait un bon indicateur de la maladie de Crohn, quel que soit le segment intestinal affecté.
Selon les chercheurs, les résultats de l’étude pourront être exploités pour développer des approches thérapeutiques.
Cell Host & Microbe, 12 mars 2014, Gevers et coll.
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