DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE VIRUS de l'hépatite C (VHC) infecte 3 % de la population mondiale et, parmi les sujets infectés, 80 % développent une hépatite C chronique, la principale cause de cirrhose et de cancer du foie dans les pays développés.
Le traitement standard actuel repose sur une bithérapie associant du peginterféron alpha (PEG-IFN-alpha) avec de la ribavirine, pendant quarante-huit semaines.
Si le traitement induit une « réponse virologique soutenue » (RVS), c'est-à-dire permet d'obtenir une virémie indécelable qui se maintient six mois après l'arrêt du traitement, le risque de cirrhose et de cancer hépatique peut être réduit considérablement.
Toutefois, le taux de réponse positive (RVS) est de seulement 40 à 50 % pour les patients infectés par un VHC de génotype 1, le génotype viral prédominant dans les pays développés.
De plus, le traitement par interféron alpha est souvent associé à des effets secondaires (syndrome de type grippal, anomalies hématologiques et dépression) qui amènent à réduire les doses ou arrêter le traitement.
Dans ce contexte, il serait utile de pouvoir identifier les patients qui ont peu de chances de répondre au traitement et de développer des approches plus efficaces pour traiter l'infection VHC chronique.
Trois études génomiques d'association, menées chez des patients affectés d'hépatite C chronique et traités par interféron alpha plus ribavirine, font un pas dans cette direction.
Suppiah (université de Sydney, Australie) et coll. ont conduit leur étude d'association chez des individus d'origine européenne. Dans un premier temps, ils ont cherché à savoir si des variations génétiques (ou SNP) sont associées à la résistance au traitement chez 293 Australiens (162 non répondeurs, 131 répondeurs au traitement) ; puis, les plus fortes associations identifiées ont été évaluées dans une seconde phase de réplication auprès de 555 patients du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Italie et d’Australie (294 non répondeurs, 261 répondeurs).
L'étude de Tanaka (université de Nagoya, Japon) et coll. a été menée auprès de patients japonais, avec une phase de découverte portant sur 154 patients (82 non répondeurs et 72 répondeurs), puis une phase de réplication chez 172 patients.
L'étude de Ge et coll., publiée le 16 août dernier dans la revue « Nature », porte au total sur 1 700 patients d'origine européenne et 191 patients d'origine africaine.
Ces trois études ont identifié des variants génétiques communs dans la région du gène IL28B (ou interleukine 28B), variants qui sont associés à la réponse au traitement par interféron alpha plus ribavirine, cela aussi bien chez les individus d'origine européenne, qu’asiatique ou africaine.
Le gène IL28B, sur le chromosome 19, encode une protéine appelée interféron lambda3. Les gènes IL28A (interféron lambda2) et IL29 (interféron lambda1) sont adjacents au gène IL28B sur le chromosome 19.
Ces trois interférons lambda ont été découverts en 2003, et il a été suggéré qu'ils contribuent à supprimer la réplication de certains virus, dont le VHC.
Les interférons sont des cytokines produites par le système immunitaire en réponse aux virus. Les interférons alpha (version endogène et version pharmacologique) et les interférons lambda induisent la même voie JAK-STAT, par des récepteurs différents.
« La découverte que la réponse au traitement par interféron alpha est associée à une variation génétique affectant l'interféron lambda suggère que l'interféron alpha et l'interféron- ambda pourraient interagir, tout en jouant également des rôles complémentaires dans la suppression du VHC », observe le Dr Thomas O'Brien (National Cancer Institute, NIH, Etats-Unis), dans un commentaire associé publié dans « Nature Genetics ».
Des implications cliniques.
« Ces études pourraient accroître l'intérêt pour le développement des thérapies basées sur l'interféron lambda pour l'infection VHC chronique », fait-il entrevoir.
« Un essai clinique précoce de peg-IL-29 (interféron lambda1 ou interleukine-29) a déjà rapporté des effets antiviraux chez un petit nombre de patients avec infection VHC chronique. »
Par ailleurs, ces études génétiques, combinées aux précédentes études virologiques, « suggèrent qu'un traitement incluant à la fois l'interféron alfa et l'interféron lambda pourrait être plus efficace que le traitement standard actuel ».
Enfin, estime-t-il, « les modèles prédictifs pour la réponse au traitement de l'infection par le VHC promettent de contribuer aux décisions thérapeutiques pour les millions de patients qui sont infectés par le VHC ».
Nature Genetics du14 septembre 2009, Tanaka et coll., Suppiah et coll. ; Nature 16 août 2009, Ge et coll.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?