Après l'étude de « Nature » qui confirmait l'hypothèse d'une auto-immunité dans la maladie de Parkinson via l'alphasynucléine, des chercheurs américains (entre autres de l’école de médecine de l’université de Georgetown) publient aujourd'hui dans le « Journal of Innate Immunity » une étude montrant un lien entre l’alphasynucléine, une protéine des cellules nerveuses impliquée dans la maladie de Parkinson (MP), et les infections gastro-intestinales.
Avant cette étude, l’alphasynucléine (αS) n’avait pas de fonction connue chez l’humain et les raisons de son accumulation dans le système nerveux central (SNC) demeuraient mystérieuses. De précédentes études, menées suite à des autopsies de personnes atteintes de MP à des stades très précoces, avaient montré que l’accumulation d’αS débutait dans le système nerveux entérique (SNE). Des études animales avaient aussi prouvé que des infections dans le SD accéléraient l’agrégation d’αS dans le SNE et que ces agrégats pouvaient ensuite se rendre jusque dans le SNC.
Ici, les chercheurs ont prouvé que l’αS était relarguée quand une infection survenait dans le système digestif (SD) supérieur (œsophage, estomac, duodénum), induisant une réponse immunitaire.
Biopsies endoscopiques et infections au norovirus
Dans leur étude, les chercheurs américains ont étudié les biopsies endoscopiques de 42 enfants (d’âge moyen 12,4 ans) qui présentaient diverses pathologies du SD (gastrite, duodénite, infection à Helicobacter pylori, ou gastropathie réactive). Ils ont aussi observé les biopsies endoscopiques de 14 enfants (âge moyen : 3,4 ans) et 2 adultes (âge moyen : 40 ans) ayant reçu une allogreffe intestinale, et qui subissaient par la suite une infection au norovirus (une cause fréquente d’infection du SD). Ces patients, immunodéprimés, sont en effet sujets à de fréquentes infections virales.
Les biopsies du groupe d’enfants ont montré que l’expression d’αS était positivement corrélée avec l’inflammation (aiguë ou chronique) de la paroi intestinale. Quant aux patients transplantés, l’expression d’αS survenait pendant l’infection au norovirus. Par ailleurs, l’αS présentait aussi la capacité d’induire la migration des neutrophiles et des monocytes et de stimuler la maturation des cellules dendritiques.
Rôle positif de l’αS en petite quantité, négatif sinon
« Le SNE détecte la présence d’un pathogène et répond en relarguant de l’αS », indique le Pr Michael Zasloff, chirurgien pédiatrique à l’École de médecine de l’université de Georgetown. « La protéine attire alors les cellules immunitaires sur le site où elle a été larguée. » De plus, la protéine αS utilise les nerfs allant du SNE jusqu’au SNC « comme un escalator », indique le Pr Zasloff, ce qui lui permet de se répandre dans le SNC. « Mais trop d’αS, du fait d’infections multiples ou chroniques, devient toxique : le système est surchargé, les nerfs endommagés par les agrégats… ce qui provoque une inflammation chronique, dont les dommages surviennent à la fois dans le SNE et le SNC. »
Ces découvertes expliqueraient les problèmes digestifs qui surviennent chez les patients atteints de MP (en particulier la constipation qui débute des décennies avant l’apparition de symptômes cérébraux).
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