Pour définir les champs d’application de la spécialité

Un référentiel métier

Publié le 28/10/2010
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LA SOCIETE française nationale de gastroentérologie (SNFGE) devrait bientôt rendre public son référentiel métier, établi en lien avec la mission interministérielle « Evaluation des compétences professionnelles des métiers de la santé », dirigée par le Pr Yves Matillon. « À la demande du ministère de la santé, cette mission a d’abord élaboré un référentiel métier pour les généralistes et pour les chirurgiens. L’hépato-gastroentérologie est maintenant la première spécialité médicale à être concernée », indique le Pr Thierry Ponchon, chef du service d’hépato-gastroentérologie de l’hôpital Edouard Herriot à Lyon et membre du conseil d’administration de la SNFGE.

« L’hépato-gastroentérologie est une spécialité très riche du fait du nombre d’organes intéressés et de la variabilité des processus pathologiques, en particulier cancéreux, inflammatoires et fonctionnels. Il s’agit aussi d’une spécialité à la fois clinique, proche de la médecine interne dont elle est issue depuis peu, et médico-technique, avec des contraintes proches de celle des radiologues ou des chirurgiens », souligne le Pr Ponchon, en ajoutant que les hépato-gastroentérologues prennent en charge des patients dans des situations variées, de l’urgence au suivi chronique. « Enfin, les activités sont réparties entre les deux composantes libérale et publique. Et pourtant, il s’agit d’une seule spécialité qui a su récemment réunir ses différentes composantes au sein d’une fédération : la Fédération des spécialistes des maladies de l’appareil digestif (FSMAD) et qui, depuis de nombreuses années, organise grâce à toutes ses composantes scientifiques et professionnelles des journées nationales de formation continue », indique le Pr Ponchon.

Pour construire ce référentiel, la SNFGE a fait appel à des experts reconnus représentant les différentes tendances scientifiques et professionnelles de la spécialité. Ces experts ont été recrutés au sein de la FSMAD et de la SNFGE, maîtresse d’œuvre de ce document. « Leur légitimité à établir des référentiels en vue de l’évaluation objective des compétences en hépato-gastroentérologie est fondée sur leurs connaissances des besoins de la formation initiale et des objectifs évolutifs de la formation continue », souligne le Pr Ponchon.

Dans ce référentiel métier, sept situations cliniques ont été retenues à partir de critères bien précis. « Il fallait que ce soit des situations faisant partie du cœur du métier de l’hépato-gastroentérologue. Il fallait qu’on dispose d’une variété suffisante. Enfin, il fallait choisir des situations qui, si elles sont gérées avec pertinence par un hépato-gastroentérologue, peuvent permettre d’inférer que le praticien est compétent », indique le Pr Ponchon. Les sept situations-type retenues sont les suivantes :

– prise en charge d’une hémorragie digestive active d’origine ulcéreuse ;

– prise en charge du cancer colorectal ;

– prise en charge d’un reflux gastro-oesophagien ;

– prise en charge d’un ictère obstructif ;

– prise en charge d’une MICI ;

– prise en charge d’une stéatose hépatique non alcoolique ;

– prise en charge d’une incontinence anale.

« L’intérêt premier de ce référentiel est de permettre de bien définir les champs d’application de la spécialité, en bornant la discipline. Les situations cliniques abordées sont à ce titre emblématiques : cancers, pathologies inflammatoires, pathologies fonctionnelles, urgences, proctologie, examens techniques, pathologies nutritionnelles, missions de santé publique », précise le Pr Ponchon. « Un autre intérêt de ce référentiel est d’informer les plus jeunes sur le métier de la spécialité et de contribuer à le valoriser, ajoute-il. Les situations cliniques vont au-delà de la simple question d’internat ou de l’examen classant national et font apparaître que l’hépato-gastroentérologue assure non seulement un certain nombre de soins en direct, mais qu’il a un rôle de coordonnateur des soins dans le domaine digestif et qu’il accomplit de multiples actions de mission publique ».

Ce document peut aussi, selon le Pr Ponchon, concourir à élaborer des critères de qualification homogènes pour assurer aux patients une qualité de soins identique sur tout le territoire. « Il n’a pas pour objectif d’être une grille d’évaluation ou de servir de référentiel “opposable??, mais doit fournir la matière à partir duquel chaque instance pourra élaborer ses propres outils nécessaires à l’accomplissement de leurs missions », conclue Thierry Ponchon.

D’après un entretien avec le Pr Thierry Ponchon, chef du service d’hépato-gastroentérologie, hôpital Edouard Herriot, Lyon, et membre du conseil d’administration de la SNFGE.

ANTOINE DALAT

Source : Bilan spécialistes