« C’EST LA première démonstration d’une protection chez les humains contre une infection répandue et souvent sévère, ce qui représente une grande avancée dans le domaine », souligne le Dr Robert Atmar (Baylor College of Medicine, Houston, États-Unis) qui a dirigé l’étude. « Le nombre d’hospitalisations et les coûts sanitaires associés aux norovirus sont ahurissants ; un vaccin efficace contre ces virus offrirait une protection importante aux patients ainsi qu’une probable réduction des coûts pour le système de santé. »
« Aucun essai de phase III n’est en cours actuellement, précise-t-il au "Quotidien". Le sponsor pharmaceutique de l’étude (LigoCyte Pharmaceuticals) évalue également un vaccin bivalent administré en intramusculaire et les résultats sont attendus l’année prochaine. »
Courte incubation de 24 à 48 heures.
Les norovirus, des virus à ARN classés en 5 génogroupes (dont le prototype identifié en 1968 est le virus de Norwalk), sont les principaux agents des gastro-entérites aiguës épidémiques et sporadiques. Après une courte incubation de 24 à 48 heures, la gastro-entérite se manifeste par des nausées, des vomissements, une diarrhée, des crampes abdominales et parfois une fièvre. Les infections peuvent être sévères voire fatales dans les populations pédiatriques, gériatriques et immunodéprimées.
Les norovirus sont hautement infectieux et transmissibles par voie oro-fécale, soit directement de personne à personne, soit indirectement par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Ces virus sont hautement résistants au froid, aux températures inférieures à 60 °C, à l’alcool et aux détergents classiques (à l’exception du chlore). Ils ne sont pas cultivables. La susceptibilité à l’infection nécessite le gène fonctionnel FUT2 (fucosyl-transférase 2), c’est ainsi que les personnes de groupe sanguin B sont moins susceptibles.
Il n’existe aucun vaccin disponible ou traitement spécifique. Les seuls vaccins anti-norovirus actuellement évalués en essais cliniques sont développés par LigoCyte Pharmaceuticals. Le principal candidat est une forme liquide traditionnelle administrée en intramusculaire ; l’autre candidat est une poudre sèche administrée en intranasal. Tous deux reposent sur une pseudo-particule virale (VLP, ou virus-like particle) qui simule la structure externe de la protéine d’enveloppe du virus et est incapable de se reproduire ou de causer une infection.
Atmar et coll. ont évalué, dans un essai de phase I/II, le vaccin VLP monovalent GI.1 (virus de Norwalk) intranasal, contenant comme adjuvants le monophosphoryl lipide A (ou MPL-A) et le chitosan. Cet essai randomisé contre placebo, en double insu, mené dans quatre centres cliniques, a enrôlé 90 volontaires adultes en bonne santé. Ils étaient de groupe sanguin O ou A et porteurs du gène fonctionnel FUT2, afin d’accroître leurs chances d’être susceptibles à l’infection au virus de Norwalk.
L’essai a été conduit en 2 phases : celle de vaccination, puis celle d’inoculation du virus de Norwalk. Les sujets ont reçu deux doses du vaccin ou du placebo, à 3 semaines d’intervalle. Ils ont été suivis pour évaluer l’innocuité du vaccin et l’immunogénicité. Après 6 semaines, ils ont reçu une dose orale du virus de Norwalk et ont été hospitalisés pendant au moins 4 jours pour surveiller les symptômes d’infection et de gastro-entérite.
Une réponse sérologique IgA spécifique.
Les résultats sont positifs. En effet, les effets secondaires surviennent avec la même fréquence dans le groupe vacciné et le groupe témoin. Il s’agit de congestion ou d’écoulement nasal, d’éternuement. Une réponse sérologique IgA spécifique du virus de Norwalk (taux d’Ac sériques multipliés par 4) est détectée chez 70 % des sujets vaccinés. Enfin, parmi les 77 participants, qui ont terminé l’étude et sont donc inclus dans l’analyse per protocole (sur 84 participants inoculés avec le virus), la vaccination a diminué le taux de gastro-entérite de 69 % à 37 % ainsi que le taux d’infection par virus de Norwalk (de 82 % à 61 %).
Le succès futur du développement d’un vaccin contre les norovirus dépendra d’un certain nombre de défis à surmonter. L’immunité après une infection naturelle est courte (moins de 2 ans) et la durée de protection après vaccination reste à déterminer. L’efficacité du vaccin devra également être déterminée en condition naturelle où il peut survenir une exposition à des taux plus élevés de virus.
Enfin, les norovirus sont antigéniquement et génétiquement divers, avec au moins 8 génotypes dans le génogroupe GI et 19 génotypes dans le génogroupe GII. De plus, les souches GII.4, très prévalentes, subissent une dérive génétique analogue à celle des virus grippaux, ce qui pourrait imposer des changements périodiques de composition du vaccin.
Atmar et coll., New England Journal of Medicine, 8 décembre 2011,
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