Malgré une densité médicale supérieure à la moyenne nationale, l’Ile-de-France a perdu 5,6 % de ses praticiens entre 2007 et 2014.
C’est dans ce contexte démographique que l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) « médecins » Ile-de-France a mené en mars 2014 une enquête originale auprès de 802 généralistes franciliens (sur 5 000 destinataires) afin d’évaluer leurs pratiques d’adressage.
Alors que la profession négocie de nouvelles rémunérations sur la coordination libérale, l’étude passe au crible les moyens privilégiés par les professionnels eux-mêmes pour assurer la continuité des soins entre premier et second recours.
• Adressage : les confrères libéraux loin devant l’hôpital
Entre ville et hôpital, le choix est fait. La quasi-totalité des généralistes adressent « souvent » ou « toujours » leurs patients à leurs confrères spécialistes exerçant en cabinet de ville (93 %) ou en clinique (68 %). Ils plébiscitent d’abord les compétences et avis techniques (cardiologie, gastroentérologie et radiologie), puis cliniques (neurologue, psychiatre, pédiatre) de leurs confrères libéraux. Surtout, ils se déclarent à 97 % « globalement satisfaits » de cette coordination des soins en ville.
La proximité de ce monde libéral entre en ligne de compte dans les relations, juge l’URPS. 55 % des généralistes franciliens réussissent « souvent » à joindre directement un spécialiste en cas d’urgence ou de besoin. Un quart y parvient « toujours ».
Les professionnels du premier recours orientent moins volontiers leurs patients vers l’hôpital public (63 %) ou en centre de santé (8 %). En cause : le délai de prise de rendez-vous (« trois à quatre mois », selon l’URPS) et l’incertitude sur le retour du compte rendu du spécialiste.
• Des outils d’échange traditionnels mais efficaces
Un généraliste sur deux (53 %) privilégie toujours le courrier pour adresser un patient à un confrère libéral, qui utilisera le même moyen dans 61 % des cas pour envoyer son compte rendu. Mais 40 % des médecins de famille préfèrent le téléphone. Chiffre anecdotique, 5 % des généralistes communiquent par e-mail quand 23 % des spécialistes leur répondent par ce biais.
Trois généralistes sur quatre disent recevoir le compte rendu du médecin correspondant libéral dans les 15 jours qui suivent l’adressage. Le dernier quart attend entre deux et quatre semaines.
• En ville, des délais de rendez-vous à améliorer
Malgré ce constat positif, quatre généralistes sur dix évoquent les délais de rendez-vous comme principal frein à l’adressage libéral, preuve d’une démographie en tension. 7 % déplorent « l’absence » de spécialistes de proximité. À Paris et dans les Hauts-de-Seine, 30 % des professionnels citent le reste à charge comme entrave au parcours de soins du patient en ville. Pour 11 % des généralistes, le passage par un secrétariat, parfois laborieux, décourage l’adressage libéral.
• Revaloriser la place des spécialistes libéraux
Forte de cette enquête, l’URPS francilienne souhaite que les spécialistes libéraux (correspondants et experts) puissent bénéficier des nouveaux modes de rémunération relatifs à l’exercice regroupé et multidisciplinaire.
Pour fluidifier et faciliter la coopération avec l’hôpital public, l’URPS défend la création d’un praticien hospitalier référent, en charge du dossier patient.
Cette étude intervient à point nommé, à l’heure où des syndicats s’inquiètent sur la place du spécialiste de ville dans la future loi de santé.
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