La leucodystrophie orthochromatique est une maladie génétique trop souvent confondue avec la sclérose en plaques (SEP) et dont le pronostic est très sombre. Une équipe française a testé avec succès la greffe de cellules souches hématopoïétiques chez une patiente. Les résultats sont publiés dans « Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry ». « C'est la première fois qu'une telle greffe est réalisée de manière prospective pour cette maladie rare », indique au « Quotidien » le Dr Fanny Mochel, neurogénéticienne à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) et première auteure de l'étude.
Cette forme de leucodystrophie se caractérise par une anomalie de la substance blanche liée à une dysfonction de CSF1R, protéine qui joue un rôle majeur dans le développement de la microglie (cellules immunitaires du cerveau).
Recourir à l'analyse génétique
Cette maladie se caractérise par une spasticité et une démence d’installation rapide. « Elle est souvent confondue avec la SEP à l'imagerie, mais se distingue par l'absence de lésion médullaire et de prise de contraste au niveau cérébral », explique le Dr Mochel. Par ailleurs, elle évolue beaucoup plus vite : la médiane de survie est de 6 ans. « Chez un patient présentant une SEP atypique, avec des antécédents familiaux neurologiques et/ou une progression clinique rapide, il faut penser plus tôt à recourir à l'analyse génétique de CSF1R », estime le Dr Mochel.
Avec la greffe de cellules-souches hématopoïétiques, l'équipe française espérait ralentir l'évolution de la maladie. « Nous avons remplacé le contingent microglial de la patiente par celui d'un donneur sans dysfonction CSF1R », raconte la neurogénéticienne.
La patiente, âgée de 33 ans, a d'abord reçu à tort un diagnostic de SEP, tout comme sa mère décédée de la maladie à 38 ans. La patiente a été greffée 18 mois après l'apparition des premiers symptômes. À ce stade, elle se déplaçait en fauteuil roulant et parvenait à se tenir debout avec appui. Toutefois, elle ne présentait aucune atteinte cognitive.
Une régression de la maladie à l'imagerie
Comme attendu, la progression clinique de la maladie s'est poursuivie quelques mois après la greffe. « La maladie s'est ensuite complètement stabilisée sans développement d'une atteinte cognitive, rapporte le Dr Mochel. Une régression a même été observée à l'IRM, avec une réduction des lésions cérébrales et de la démyélinisation ». La patiente bénéficie toujours d'un suivi tous les 6 mois, ce qui permettra de connaître les résultats de la greffe à plus long terme.
Cette étude apporte la preuve de concept de cette approche, mais doit être évaluée chez un plus grand nombre de patients. « Une patiente aux Pays-Bas va bénéficier prochainement de ce traitement, souligne le Dr Mochel. Toutefois, la greffe peut difficilement être envisagée chez des patients ayant déjà une atteinte cognitive et qui ne sont pas en mesure de faire part de leur consentement éclairé. »
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