DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE CANCER du pancréas est l’un des cancers les plus redoutables, avec un taux de mortalité approchant son taux d’incidence et un taux de survie à cinq ans compris entre 1 et 4 %. Deux cent mille nouveaux cas de cancers pancréatiques sont diagnostiqués chaque année dans le monde.
Les facteurs de risque reconnus sont le tabagisme, le diabète, un indice de masse corporelle élevé et, enfin, une histoire familiale de cancer pancréatique.
Jusqu’ici, une petite fraction seulement des cas familiaux de cancer pancréatique ont été expliqués par des mutations hautement pénétrantes : BRCA2, BRCA1, CDKN2A, STK11, APC, PRSS1, SPINK, PALB2.
Des variations génétiques communes (SNP ou polymorphisme) pourraient par ailleurs majorer le risque de développer un cancer pancréatique. Une récente étude génomique d’association (GWAS) menée par le National Cancer Institute et des chercheurs de plusieurs pays chez 1 900 patients-cas et 1 900 témoins, avait permis d’identifier un variant commun dans le gène ABO (chromosome 9q34) associé au cancer pancréatique ; les individus portant le variant aboutissant aux groupes sanguins A, B, ou AB ont un risque accru de cancer pancréatique, comparés aux individus portant le variant pour le groupe sanguin O (Amundadottir et coll., « Nature Genetics » 2009).
La même équipe dirigée par le Dr Stephen Chanock (National Cancer Institute, États-Unis), en collaboration avec des chercheurs américains et européens, parmi lesquels, en France, les Drs Marie-Christine Boutron-Ruault (INSERM, IGR Villejuif) et Gilles Thomas (Synergie Lyon cancer, Lyon ; NCI, États-Unis), a maintenant élargi cette étude GWAS, pour inclure environ 3 900 individus atteints d’un cancer pancréatique (cas) et 3 900 témoins non affectés, venant de 12 études de cohortes prospectives et 8 études cas-témoins.
L’analyse de plus de 550 000 polymorphismes.
Les résultats sont décrits dans la revue « Nature Genetics ».
L’analyse de plus de 550 000 variations SNP réparties au sein du génome a permis d’identifier 8 variants situés dans 3 nouvelles régions génomiques associées au cancer pancréatique (ou 3 loci) :
- 2 variants résident dans un locus sans gène sur le chromosome 13q22 ;
- 5 variants résident dans le gène NR5A2 sur le chromosome 1q32 ;
- 1 variant réside dans le locus CLPTM1L-TERT sur le chromosome 5p15.
Le locus 13q22 correspond à une région sans gène de 600 kb, située entre les gènes KLF5 et KLF12 qui encodent des facteurs de transcription de type kruppel et régulent la croissance et la transformation cellulaire ; une délétion de ce segment est fréquente dans une variété de cancers, y compris le cancer pancréatique.
Le gène NR5A2 encode un récepteur nucléaire (de la famille Ftz-Fi) exprimé dans la glande exocrine du pancréas, dans le foie, les intestins et les ovaires.
Les 2 gènes CLPTM1L (cleft lip and palate transmembrane 1-like) et TERT (telomerase reverse transcriptase) ont été impliqués dans l’oncogenèse, et la région CLPTM1L-TERT a déjà été impliquée dans d’autres cancers, comme le cancer du poumon et des tumeurs du cerveau.
Les futures études devront éclaircir comment les variants responsables situés dans ces loci élèvent le risque de cancer pancréatique.
Ces nouveaux aperçus pourraient alors ouvrir la voie au développement d’approches diagnostiques, préventives et thérapeutiques pour ce cancer qui reste parmi les plus mortels.
Nature Genetics 24 janvier 2010, Petersen et coll., DOI: 10.1038/ng.522
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