« LES URGENCES gynécologiques sont souvent encombrées par des patientes qui ne relèvent pas de l’urgence réelle (…) et qui débordent les soignants qui doivent gérer en même temps la salle des naissances », expliquent S. Alouini et coll. La gestion des urgences, le tri des pathologies, suscitent une réflexion que nombre de centres ont engagée. Pour aider à cette réflexion, S. Alouini et coll. ont évalué la nature des pathologies rencontrées, leur prise en charge et leur réel degré de gravité.
L’étude prospective a porté sur 205 patientes consécutives s’étant présentées entre le 4 janvier et le 15 février 2011.
Leur conclusion est sans ambiguïté : « Notre étude montre que la majorité des consultations aux urgences gynéco-obstétricales n’ont aucun caractère d’urgence et sont principalement représentées par des pathologies bénignes, voire une absence totale de pathologie. »
Les médecins effectuent des gardes de vingt-quatre heures sans interruption, et les sages-femmes, les infirmières et les aides-soignantes sont présentes pendant douze heures d’affilée. L’activité liée aux pathologies non urgentes fait que les soignants sont moins disponibles pour la salle de naissance, déplorent les auteurs.
Douleurs et ménométrorragies.
Les douleurs et les ménométrorragies représentent la quasi-totalité des motifs de consultation aux urgences gynéco-obstétricales (88 %, n = 181). La majorité des patientes ont consulté pour un début de grossesse ou une pathologie mineure du premier trimestre de la grossesse. L’examen complémentaire le plus pratiqué est l’échographie pelvienne. Le deuxième examen est le taux des bêta-HCG plasmatiques, pour éliminer une GEU ou contrôler l’évolutivité de la grossesse.
Seules 11 % des patientes relevaient de la véritable urgence. On y retrouve les causes classiques : GEU, kyste de l’ovaire, pathologie infectieuse génitale.
Des pathologies urgentes mais ne relevant pas de la spécialité peuvent y atterrir (une embolie pulmonaire et un infarctus massif du myocarde pendant la période observée).
La majorité des patientes qui consultent (95 %, n = 194) sont venues de leur propre initiative, sans être adressées par leur médecin traitant. De ce fait, on retrouve des pathologies fonctionnelles à un taux très élevé : une patiente sur cinq environ ; et des pathologies non gynécologiques qui relèvent habituellement de la médecine générale. Pour 94 patientes (46 %), le diagnostic était un début de grossesse intra-utérine.
Le temps d’attente moyen pour une patiente avant d’être examinée était de 84 ± 101 minutes.
D’autres études retrouvent cet encombrement des urgences par des pathologies qui n’en sont pas.
Les médecins traitants.
Les auteurs évoquent des solutions. Pour la gynécologie, le passage par le médecin traitant n’est pas obligatoire. Cependant, devant la difficulté d’obtenir un rendez-vous en raison du nombre insuffisant de gynécologues dans la région, les médecins traitants pourraient être impliqués dans le screening des urgences.
Par ailleurs, « l’instauration d’un standard téléphonique avec une infirmière ou une sage-femme pourrait orienter, conseiller et informer les patientes. » Et probablement diminuer l’afflux des cas ne relevant pas de l’urgence gynéco-obstétricale.
Une structure parallèle de consultation non urgente pourrait être envisagée, comme d’autres auteurs l’ont proposé.
« Les vraies urgences dans notre service sont rares. Une meilleure information du grand public sur la signification de l’urgence est souhaitable. »
Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, février 2012, volume 41, p 48-54.
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