L’augmentation de la masse corporelle et de l’adiposité est susceptible de retentir sur le squelette en croissance de diverses manières : altérations de la micro-architecture osseuse, modifications de densité osseuse, perturbations métaboliques et hormonales. Ces dernières sont complexes, comportant à des degrés divers hyperinsulinisme puis diabète de type II, syndrome métabolique, atteinte stéatosique hépatique, avance pubertaire, éléments d’inflammation chronique. Quand on connaît l’importance de la période péripubertaire dans l’acquisition du pic de masse osseuse, on imagine que ces perturbations liées à l’obésité peuvent avoir des conséquences dramatiques sur le squelette.
La Dr Justine Bachetta (Lyon) a fait le point sur ces conséquences osseuses. La mesure de la densité minérale osseuse (DMO) l’absorptiométrie biphotonique comporte des difficultés d’interprétation liées à l’immaturité squelettique et à l’obésité : variabilité des résultats du fait de celle de la taille osseuse d’une part et de la masse grasse péri-osseuse d’autre part. Ainsi, les mesures par scanner périphérique de haute résolution ont récemment permis d’améliorer la compréhension de l’os de l’enfant et de l’adolescent obèse. Dans un travail récent, Leonard et al. (1) constatent que les enfants obèses sont plus grands, ont une avance de maturation osseuse, un taux circulant de 25OHD plus bas, une CRP plus élevée, pas de différence des paramètres de densité trabéculaire ou corticale au radius et au tibia mais une augmentation du module d’inertie corticale au tibia.
L’augmentation du risque de fracture décrit chez les adolescents obèses serait la conséquence de mécanismes différents en fonction de la localisation. Les fractures du membre inférieur semblent être secondaires à une micro-architecture trabéculaire anormale. Pour le membre supérieur, elles s’expliqueraient par une compensation osseuse inadéquate au regard des forces plus importantes auxquelles est soumis le membre supérieur lors de la chute.
Justine Bachetta souligne le rôle clé du pédiatre et du médecin généraliste pour dépister les situations à risque osseux, appliquer les recommandations nutritionnelles et pour les apports en calcium et vitamine D et promouvoir une activité physique régulière pour optimiser le pic de masse osseuse et ainsi limiter le risque de fractures à très long terme.
(1) Bone 2014
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024