Selon les chiffres 2013 de l’ONUSIDA, plus de 70 % des individus vivant dans le monde avec le VIH résident en Afrique Subsaharienne. Et dans cette région, près de six personnes contaminées sur dix sont des femmes. La féminisation croissante de la pandémie de VIH/Sida ne relève évidemment pas du hasard. Au sein de ces territoires, les inégalités entre les sexes accroissent considérablement la vulnérabilité des femmes au virus.
Résultat : dans de nombreuses zones géographiques d’Afrique subsaharienne, les jeunes femmes de 15 à 24 ans ont 3 à 4 fois plus de risque d’infection que les jeunes hommes de la même classe d’âge.
C’est dans ce contexte qu’en mars 2012 la Commission des Nations Unies a inscrit le préservatif féminin sur sa liste de 13 produits « d’importance vitale pour les femmes et les enfants ». Entièrement maîtrisable par les femmes, il est aujourd’hui le seul produit offrant une double protection, en matière de contraception et contre les infections sexuellement transmissibles.
Face aux barrières socio-économiques qui entourent le préservatif féminin dans ces pays africains, son développement représente un véritable défi pour les organisations internationales. « Destiné aux femmes sexuellement actives, le préservatif féminin reste difficile à défendre et à présenter auprès de nombreux publics. Il permet aux femmes d’exercer un contrôle sur la protection de leur corps et sur leur sexualité, des sujets tabous dans de nombreuses sociétés », souligne l’ONG Equilibres & Populations (www.equipop.org) qui œuvre à la promotion et à la diffusion de cet outil de prévention au côté de nombreux acteurs locaux et internationaux dans le cadre du Projet d’accès universel au préservatif féminin (UAFC).
Baisse de prix
Aujourd’hui, distribuer un million de préservatifs féminins dans un pays comme le Cameroun revient à un peu plus de 2 millions de dollars, coûts du programme et du produit inclus selon une étude « business case » réalisée par le cabinet de consulting Global Health Vision pour l’organisation néerlandaise Rutgers WPF, avec le soutien d’Equilibres & Populations. Document qui conclut à un « excellent rapport efficacité/prix » du préservatif féminin. Si le marché de ce type de produit reste dominé par la marque « FC2 », qui fut longtemps la seule référence bénéficiant d’une « préqualification OMS », le développement du « CUPID 1 » - également préqualifié - a permis de faire sensiblement baisser les prix à l’unité dans les achats en gros effectués par des organisations internationales et qui servent à alimenter des stocks destinés aux acteurs de terrain locaux.
Des bailleurs frileux
Pour soutenir le développement du préservatif féminin dans ces pays prioritaires, les organisations internationales peinent encore à rassembler les fonds nécessaires. « Quand on va voir des investisseurs, ils nous disent : prouvez-nous qu’il y a une demande ! A-t-on il y a 30 ans posé les mêmes conditions quand on a décidé face à la pandémie du sida de convaincre tout le monde qu’il fallait mettre un préservatif masculin ? Évidemment non ! Or, là précisément parce que cela concerne des femmes et leur indépendance, on va trouver des raisons sérieuses, scientifiques pour y aller ou non », constate Serge Rabier, directeur exécutif d’Équilibres & Populations. « Pour passer un cap, il faut que nos partenaires africains travaillent localement afin que leur gouvernement fasse des demandes auprès des bailleurs internationaux. Et dans le même temps il faut travailler chacun dans nos pays - en France, aux pays bas ou ailleurs - pour que nos décideurs politiques prévoient des lignes budgétaires dédiées à ce type de moyen de prévention contraceptif dans leur budget d’aide au développement », insiste-t-il.
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