Elles n'avaient pas été actualisées depuis 2018 : de nouvelles recommandations internationales sur le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ont été publiées ce 17 août, par un consortium international mené par l'Université australienne Monash, en partenariat avec notamment l'American Society of Reproductive Medicine (ASRM), Endocrine Society, l'European Society of Endocrinology et l'European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE). Le fruit de l'engagement de plus de 3 000 professionnels de santé et d'une centaine d'experts pour mettre à jour la bibliographie et réviser, en se fondant sur les preuves, les recommandations relatives à cette maladie qui touche une femme sur 10 avec des symptômes très variables.
Le dosage de l'AMH, une alternative à l'échographie chez l'adulte
Les critères diagnostiques du SOPK chez les adultes ont été revus. Comme avant, deux des trois critères de Rotterdam doivent être réunis pour poser un diagnostic de SOPK : hyperandrogénie clinique ou biologique ; dysfonctionnement ovulatoire (règles irrégulières ou dysovulation) ; et échographie. Mais nouveauté : celle-ci peut être remplacée par le dosage de l'hormone antimüllérienne (AMH).
« Les recommandations précisent que l'hyperandrogénie peut être soit clinique, soit biologique; elles rappellent que la dysovulation peut s'accompagner de règles régulières - même si c'est rare - et surtout elles ajoutent comme alternative à l'échographie, le dosage de l'AMH, ce qui n'apparaissait pas avant dans les critères diagnostiques », commente auprès du « Quotidien » la gynécologue et endocrinologue Catherine Azoulay, collaboratrice de l'association de patientes SOPK Europe. Pour rappel, dans les SOPK, l'AMH est deux à trois fois supérieure à la normale (supérieure à 5 ng/ml). « C'est intéressant, car une échographie précise avec comptage des follicules n'est pas toujours disponible, même en France », analyse la Dr Azoulay.
Chez les adolescentes, chez qui le dosage de l'AMH n'est déjà plus pratiqué, les nouvelles guidelines insistent sur l'absence de pertinence de l'échographie, écrivant noir sur blanc qu'elle n'est pas recommandée. « Les ovaires multifolliculaires sont courants chez l'adolescente, tout comme les règles irrégulières. Les experts mettent en garde contre des diagnostics de SOPK posés trop tôt et invitent plutôt à évoquer "un risque de SOPK" ». Les critères diagnostiques sont cliniques : règles irrégulières et hyperandrogénie (hirsutisme et acné sévère).
Létrozole recommandé en première intention dans l'infertilité
Les recommandations plaident ensuite pour une prise en charge globale, sur le long terme, qui prenne en compte la santé reproductive, métabolique, cardiovasculaire, dermatologique, et mentale. « De plus en plus de publications montrent qu'il y a une augmentation de l'anxiété et des symptômes dépressifs, et que cette maladie entraîne une forte stigmatisation avec une altération de l'image de soi », poursuit la Dr Azoulay.
Le document fait la part belle à la prévention, notamment du surpoids et du diabète, des maladies cardiovasculaires, et des troubles psychiques, en insistant sur l'importance de l'hygiène de vie, en particulier l'alimentation et l'activité physique. « Les femmes peuvent être actrices de leur condition, sans tout attendre des comprimés », même s'ils peuvent bien sûr améliorer les symptômes.
En termes de traitement, enfin, l'une des nouveautés réside dans le champ de l'infertilité. Le létrozole est indiqué en première intention, d'après la littérature. « Mais en France, cet inhibiteur de l’aromatase n'a pas d'autorisation de mise sur le marché pour la stimulation de l'ovulation. Aussi donne-t-on du citrate de clomifène », observe la Dr Azoulay. La publication de ces recommandations internationales pourrait néanmoins jouer sur l'évolution de la réglementation française.
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