MOINS D’OBSTÉTRICIENS, moins de maternités. La tendance depuis 20 ans concerne la France et de nombreux pays développés occidentaux. Comment garantir alors la qualité des soins, la sécurité des accouchements et une morbi-mortalité périnatale la plus faible possible ? C’est en réponse à cette problématique qu’une maternité canadienne à Vancouver a décidé d’évaluer son programme de collaboration interdisciplinaire avec les professionnels de ville, le South Community Birth Program, dans un bassin de population multiethnique défavorisé avec 45 % d’immigrés.
Cette étude rétrospective a inclus 1 238 femmes enceintes ayant participé au programme sur la période d’avril 2004 à octobre 2010. L’ensemble des femmes, participantes et témoins appariées, ont accouché à la maternité BC Women’s Hospital and Health Centre. Les résultats sont rassurants et encourageants. Par rapport à la prise en charge standard, les participantes ont présenté un taux de césariennes plus faible de 25 % et la voie basse était tentée 3 fois plus souvent en cas d’antécédent de césarienne. Par rapport au groupe témoin, l’accouchement était plus souvent réalisé par une sage-femme (42 % versus 7 %) que par un obstétricien (36 % versus 70 %). L’allaitement exclusif était deux fois plus pratiqué et la durée d’hospitalisation était plus courte (51 heures versus 73 pour les mères, 48 versus 71 pour les bébés).
Sessions de groupe
Le programme mis en place prévoyait l’implication des sage-femmes, des médecins généralistes, des infirmières libérales et des doulas, ces professionnelles de la périnatalité peu connues en France sans vocation médicale. Après 2 à 3 visites individuelles avec un médecin de ville ou une sage-femme pour le bilan biologique, le dossier médical et le conseil génétique, le programme prévoyait de proposer aux femmes et à leurs conjoints de se joindre à groupe prénatal. Les femmes pouvaient aussi choisir de continuer le suivi sur un format traditionnel en face-à-face, ce qui s’est avéré le cas pour 20 % des nullipares.
Les groupes étaient composés de 10 à 12 femmes, avec un rendez-vous toutes les 2 à 4 semaines. Chacune des 10 sessions de groupe était organisée selon un programme allant de l’exercice physique à la nutrition en cours de grossesse, à la préparation à l’accouchement et aux soins du nouveau-né. Les groupes sont animés par un médecin généraliste ou une sage-femme en présence d’une infirmière dédiée au programme. Les femmes présentant des complications en cours de grossesse étaient vues en consultation individuelle entre les sessions de groupe.
26 langues parlées
Les doulas, dont la formation initiale ne comprend pas de volet médical, devaient suivre un enseignement de 2 jours sur l’aide à l’accouchement. Le programme a inclus 42 doulas, qui parlaient au total 25 langues en plus de l’anglais. Elles rencontraient les patientes une fois avant l’accouchement puis les accompagnaient individuellement et en continu pendant les différentes phases du travail. Les femmes sortaient de l’hôpital en moyenne 24 à 48 heures après la naissance. Des visites en postpartum immédiat étaient assurées par une sage-femme ou un médecin généraliste le lendemain du retour à domicile et plus si besoin. Une aide à l’allaitement et au postpartum était également proposée dans l’établissement par une infirmière spécialisée. La visite du postpartum à 6 semaines des mamans et de leurs nouveau-nés était assurée par le médecin de famille.
Comment expliquer le succès de ce programme de réseau périnatal organisé autour d’une maternité ? Pour les auteurs, « Les praticiens exerçant au sein du programme pensent que leurs relations étroites de travail, incluant leur capacité à discuter facilement du cas du patient grâce à un accès facilité aux dossiers médicaux électroniques, créent un climat favorisant la formation et l’apprentissage par les autres ». La qualité des soins était assurée par des réunions mensuelles et des séminaires, ainsi que par l’adoption des recommandations locales et nationales. Si leurs bénéfices se voient confirmés, des programmes de ce type pourraient être une réponse adaptée aux carences de l’offre de soins obstétricaux.
CMAJ 2012.DOI:10.1503:cmaj.111753
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